"Des actes concrets": le président de la FNSEA, principal syndicat agricole français, a appelé jeudi le gouvernement à poser "des actes concrets", s'impatientant des délais dans plusieurs dossiers, de la gestion de l'eau aux pesticides, en passant par la "nécessaire" planification écologique.
"La souveraineté alimentaire, dont tout le monde parle, est un incontournable. Son absence sera un drame au même titre que l'absence de souveraineté énergétique", a déclaré Arnaud Rousseau lors d'une conférence de presse.
Pourtant, aujourd'hui en France, "25% de la viande bovine est importée, 50% des volailles, 40% des légumes et 60% des fruits: c'est la marque tangible que nous sommes en train de décliner", a énuméré le président de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles.
"On ne peut pas avoir un discours volontariste sur le plan politique et constater un recul dans les faits. Quelles actions concrètes sont engagées pour lutter contre la perte de la capacité de production, la décapitalisation (réduction) des cheptels, la baisse de production de lait?" a-t-il demandé.
"Comment maintenir une production quand on perd des agriculteurs?" a-t-il lancé, rappelant "l'urgence" de la situation alors que 100.000 chefs d'exploitation devraient prendre leur retraite d'ici à 2030.
Une loi d'orientation agricole (LOA) et un "pacte" visant l'adaptation au changement climatique et le renouvellement des générations ont été annoncés fin 2022 par le ministère de l'Agriculture. Le projet de loi, initialement annoncé pour l'été, a été repoussé à l'automne et aucune date n'est encore fixée pour l'examen du texte au Parlement.
L'agriculture, qui pèse 19% dans les émissions françaises de gaz à effet de serre, "fait partie de la solution", a-t-il souligné, regrettant la lenteur de la mise en oeuvre de la "planification écologique" ou du "plan écophyto", devant identifier les produits phytosanitaires à progressivement retirer du marché du fait de leur nocivité pour l'environnement et la santé tout en leur cherchant des alternatives.
"Pour atteindre l'objectif de diminution des émissions, nous aurons besoin de produire de la biomasse (...) et de développer l'agriculture de conservation des sols" qui permet de ne pas labourer la terre, "mais qui a besoin d'un peu de glyphosate" (herbicide controversé), a-t-il dit.
"Comment le gouvernement va-t-il mettre en cohérence ces exigences?" a-t-il demandé, précisant qu'il parlerait de tous ces sujets avec le président Emmanuel Macron, qu'il doit voir "en tête à tête" le 7 septembre.