Climat: la Place de Paris à nouveau attaquée pour l'insuffisance de ses engagements

Le Place financière de Paris comptait sur le Climate Finance Day, colloque organisé mardi dans la capitale française, pour mettre en avant ses engagements en faveur du climat, mais c'était sans compter l'irruption de militants écologistes.

"Macron, Le Maire, il faut choisir, les énergies fossiles ou notre avenir !", ont scandé des militants des Amis de la Terre et d'Alternatiba, dans l'auditorium principal du Palais Brogniart à Paris, à la fin d'une conférence du ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire.

Se versant de la mélasse sur la tête, symbolisant des hydrocarbures, les activistes ont interrompu pendant près de deux heures le colloque qui réunissait les acteurs majeurs de la finance internationale pour échanger autour du réchauffement climatique.

"Les banques françaises et la place financière de Paris qui communiquent sur le fait que c'est la capitale de la finance verte... En fait, aujourd'hui, c'est la première place financière à financer les énergies fossiles en Europe. Le financement des énergies fossiles des grandes banques françaises ne fait qu'augmenter depuis la COP21", a dénoncé Lorette Philippot, porte-parole des Amis de la Terre.

"Le décalage entre les actes et les paroles n'est vraiment plus supportable", a-t-elle poursuivi.

Alors que Bruno Le Maire a appelé les acteurs financiers à adopter d'ici mars 2022 une trajectoire de diminution de l'intensité carbone de leurs portefeuilles, Lucie Pinson, directrice de l'ONG Reclaim Finance a souligné que "le ministre a oublié intentionnellement de revenir sur ses précédentes demandes aux acteurs financiers, notamment celle formulée l'année dernière concernant la sortie des énergies fossiles non conventionnelles".

"C'est bien mais ce n'est pas suffisant", avait déclaré le ministre concernant les engagements pris par les six premières banques françaises.

La semaine dernière, la Fédération bancaire française avait annoncé des engagements concernant les hydrocarbures non conventionnels, qui ont fait bondir les ONG, Mme Pinson dénonçant "du réchauffé enrobé d'un plus grand flou".

- Préconisations peu prises en compte -

Les ONG n'ont cependant pas été les seules à tancer les acteurs financiers puisque l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) et l'Autorité des marchés financiers (AMF) ont déclaré, mardi dans un communiqué, que sur le pétrole et le gaz, "les engagements portent principalement sur les énergies fossiles non conventionnelles, avec, là encore, une certaine hétérogénéité dans les approches et les niveaux d'ambition affichés par les acteurs".

Concernant le charbon et les grands gérants de la Place, "des efforts restent nécessaires en termes de transparence sur le choix des critères retenus et, au global, les préconisations formulées en 2020 sont encore peu prises en compte", ont souligné les régulateurs.

Certains acteurs financiers ont cependant profité de la séquence pour accroitre leurs ambitions.

Outre la Banque Postale, qui a promis mi-octobre de sortir de toutes les énergies fossiles à l'horizon 2030, Crédit Mutuel Alliance Fédérale, entité qui rassemble 13 des 18 fédérations régionales du groupe Crédit Mutuel, a annoncé ce mardi stopper "le financement de tout nouveau projet d'exploration, de production et d'infrastructure dans le pétrole et le gaz", comme le réclament nombre d'organisations écologistes.

Quant à la Fédération française de l'assurance (FFA), elle "encourage" ses membres à définir "des calendriers d'arrêt de financement des entreprises qui ne renonceraient pas à leurs nouveaux projets de production des énergies fossiles non conventionnelles".

"Les deux reconnaissent ainsi la conclusion de l'Agence internationale de l'énergie qui a indiqué (qu'aucun) nouveau projet pétrolier et gazier n'avait sa place dans un scénario 1,5°C visant l'atteinte de la neutralité carbone d'ici 2050", a salué Mme Pinson, notant toutefois que "la déclaration de la FFA ne porte que sur les pétrole et gaz non conventionnels".

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