La France est déterminée à poursuivre ses efforts contre le réchauffement climatique, a déclaré dimanche à l'AFP le ministre de la Transition écologique François de Rugy qui va mettre en place un nouveau dispositif pour la rénovation des logements.
Q - La COP a permis l'adoption du mode d'emploi mais n'a pas transmis le message de "renforcement de l'ambition". Que comptez-vous faire concrètement pour que cette ambition devienne la priorité de la communauté internationale?
R - Je salue cet accord parce que beaucoup nous annonçaient il y a encore quelques semaines un échec. Les États-Unis se sont retirés de l'accord sur le climat. Le Brésil qui il y a trois ans était très moteur, a aujourd'hui un président élu ouvertement climatosceptique. Des pays comme la Russie, le Koweit, l'Arabie saoudite joignent leur voix aux États-Unis pour refuser de regarder la réalité en face. Ils ont refusé de saluer le rapport du Giec. C'est une réalité extrêmement difficile, sans compter les menaces du groupe des pays en développement présidés par l'Égypte.
Nous avons aujourd'hui un accord qui valide des règles d'application et des règles universelles. C'était l'objectif primordial qu'on s'était fixé pour cette conférence et nous y sommes arrivés grâce à la mobilisation de certains pays émergeants comme la Chine.
Nous partageons le constat du Giec et l'idée qu'il faut rehausser nos ambitions. Pour les ambitions, on s'était fixé 2020 pour se caler sur une trajectoire de hausse de 1,5 degrés et non pas de 2 degrés. Je fais partie de ceux qui pensent qu'il faut aller plus vite et plus loin. En France la prise de conscience est réelle, mais c'est encore loin d'être le cas dans tous les pays du monde, notamment au niveau des gouvernements, comme par exemple aux États-Unis, première puissance du monde.
Q - La France, va-t-elle réviser ses engagements nationaux?
R - L'enjeu pour la France n'est pas de réviser ses engagements nationaux, c'est de les mettre en oeuvre. La difficulté c'est de suivre la trajectoire qu'on s'était fixée. Pour l'instant nos émissions de CO2 ont tendance à augmenter et pour les trois années qui viennent on craint que ce soit toujours la même tendance. Les principales sources sont le transport et le logement et dans ces domaines-là, c'est difficile de changer rapidement.
Les mesures que nous avons actées dans le cadre du plan climat commencent à porter leurs fruits, comme le montre la baisse de 4% de la consommation de carburant au 3e trimestre 2018, mais nous sommes déterminés à accélérer.
Je vais réunir dans les semaines qui viennent, pour un travail concret, les professionnels du bâtiment et du logement, de l'énergie mais aussi les organismes financiers pour voir quel dispositif efficace on pourrait mettre en place pour faciliter et accélérer les rénovations des logements individuels ou collectifs.
Certains ont instrumentalisé le mouvement des gilets jaunes pour torpiller la politique climat mais nous ne relâcherons pas nos efforts. Si cela ne passe pas par une hausse aussi importante qu'on l'avait pensé de la taxe carbone, cela passera par d'autres outils. La France est le troisième pays au sein de l'UE pour le niveau de sa taxe carbone après la Suède et la Finlande. Nous avons décidé de suspendre les hausses pour 2019 mais ce qui est acquis, nous le maintenons.
Q - Est-ce que la hausse de la taxe carbone est enterrée pour le reste du quinquennat ?
R - Ce n'est pas décidé. Ce qui est compliqué pour les Français qui roulent beaucoup, ce n'est pas la taxe carbone mais la hausse brusque des prix de pétrole sur les marchés mondiaux qui peut se reproduire demain pour des questions géopolitiques. Même s'il faut faire une pause sur la taxe carbone, cela ne veut pas dire abandonner l'ambition climat, bien au contraire.
Une fois le mouvement de contestation retombé, les problèmes seront toujours là. Le risque d'une flambée des prix du pétrole sur le marché mondial sera toujours là. Mon mot d'ordre +libérer les Français du pétrole+ est toujours valable, plus que jamais que ce soit pour le climat ou pour l'économie.