Climat: Hulot déplore un "bilan en demi-teinte" pour la COP23

Le retrait des Etats-Unis de l'accord contre le réchauffement global affecte le processus des négociations climatiques, a déploré mardi le ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot, dressant un "bilan en demi-teinte" de la dernière conférence climat de l'ONU (COP23).

"Je vais peut-être un peu modérer votre enthousiasme", a-t-il répondu devant l'Assemblée nationale, au député (LREM) Adrien Morenas qui louait "une conférence que nous espérons salutaire pour notre planète".

"Le bilan de la COP23 est en demi-teinte", a dit le ministre à propos de cette conférence qui s'est achevée samedi à Bonn. "L'onde de choc du retrait des Etats-Unis sur ce processus se fait peut-être plus sentir maintenant qu'elle ne s'est fait sentir dans un premier temps, et donc je me garderai bien d'un optimisme trop important".

"La communauté internationale, qui était rassemblée (à Bonn) pour la première fois depuis la décision des Etats-Unis, a démontré qu'il y a quand même une coalition qui demeure solide, mais qui a jeté le doute sur la détermination de certains Etats", a-t-il déclaré.

"Face à l'urgence, les progrès ont été trop lents, et notamment par rapport à l'alerte des scientifiques (...). Alors il faut accélérer l'action", a-t-il souligné. "C'est une course contre la montre et la parole de vérité c'est la COP24 en Pologne".

La COP23 s'est réunie deux semaines pour travailler aux règles d'application de l'accord de Paris, mais les décisions de fond sont attendues en décembre 2018 à la COP24.

Donald Trump a annoncé en juin le retrait de son pays de l'accord. Ce sera formellement possible en novembre 2020, mais en attendant le gouvernement a annulé plusieurs mesures nationales prises par son prédécesseur (notamment les financements climatiques promis aux pays du Sud).

D'ici la COP24, il y aura "un marathon diplomatique", qui commencera le 12 décembre à Paris avec un sommet sur les financements climatiques lancé par Emmanuel Macron, a souligné M. Hulot en fin de journée devant la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée.

"Ce n'est pas un sommet de négociations mais d'échanges pour travailler (...) sur les financements pour doper la transition énergétique et essayer enfin de sécuriser les promesses faites, et qui restent vaines pour partie", notamment les 100 milliards de dollars annuels à compter de 2020 promis par les pays riches aux pays pauvres.

"Si on ne travaille pas d'arrache-pied sur les financements innovants, associés à une exigence, et même une obstination, de travailler sur l'évasion fiscale, je crains que tous les voeux et promesses restent lettre morte", a-t-il prévenu. "Les pays touchés ne se nourriront plus de promesses, donc maintenant il faut être précis."

M. Hulot a aussi voulu rassurer sur son engagement: "La seule chose qui a changé c'est ma fonction, qui me met face à des réalités parfois un peu compliquées. On dit que quand on est ministre, on est au pouvoir, (mais) on découvre qu'il y a beaucoup de pouvoirs, partout, et que parfois ces pouvoirs se télescopent et qu'on n'en a pas tant que ça. (...) On est en plus dans un contexte européen donc on n'est pas libre de tout. Je n'ai pas oublié, je l'espère, mes convictions, mes craintes, mes espoirs (...) Je n'ai pas la main sur tout, et j'essaie de pousser les choses de l'intérieur, avec des succès et parfois des échecs aussi".

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