Moins de protoxyde d'azote et moins d'hydrofluocarbures (HFC): en échange des aides publiques du plan de relance, l'industrie française de la chimie - 3.300 entreprises, 200.000 salariés - s'est engagée vendredi à réduire ses émissions pour aider la France à parvenir à la neutralité carbone en 2050.
Le secteur, qui va de la pétrochimie aux savons et parfums, en passant par engrais, plastiques, colorants, gaz ou pharmacie, prévoit de baisser ses émissions de gaz à effet de serre de 26% en 2030 par rapport à 2015, indique la "feuille de route décarbonation de la filière chimie-matériaux" rendue publique vendredi.
Le secteur chimique contribue beaucoup au réchauffement climatique malgré une réduction de 63% de ses émissions depuis 1990: il représente 25% des émissions totales de l'industrie manufacturière française, soit 20 millions de tonnes de CO2 émises en 2018, indique le document, publié dans le cadre du plan gouvernemental France Relance.
Sa "décarbonation" est jugée "primordiale" pour atteindre la neutralité carbone de la France en 2050, objectif que s'est fixé le pays.
Pour y parvenir, le secteur compte surtout sur l'amélioration de son efficacité énergétique. Il table notamment, pour les 300.000 tonnes d'hydrogène qu'il utilise par an, sur un hydrogène bas carbone produit à partir d'électricité renouvelable, au lieu du vaporeformage - bon marché mais polluant.
Il table aussi sur le développement de produits biosourcés pour l'agriculture.
Le secteur s'engage également à faire un effort supplémentaire pour réduire ses émissions de protoxyde d'azote (N2O), émanant de la production d'engrais, de polymères nylon et des précurseurs de médicaments. Le N20 réchauffe l'atmosphère 298 fois plus que le CO2.
Aujourd'hui en France, 95% de ce gaz produit est capté et détruit. Selon les experts, il serait possible de parvenir à 98-99%.
Pour s'attaquer aux hydrofluorocarbures HFC, les gaz fluorés utilisés dans les secteurs du froid et de la climatisation, les mousses d'isolation, aérosols et équipements d'extinction d'incendie, le secteur compte "engager le dialogue" avec la filière frigorifique. Leur pouvoir réchauffant est jusqu'à 14.800 fois plus élevé que celui du CO2 à 100 ans.
Ces engagements ont été pris lors du comité stratégique de filière qui regroupe les fédérations des branches chimie, plasturgie, papier-carton, caoutchouc, les représentants de la CFDT, de la CFE-CGC et des ministères signataires (Economie, Transition écologique et Travail).
Ils seront suivis de ceux des secteurs du ciment, de l'acier et de l'aluminium dans les prochaines semaines.