La Région Provence-Alpes-Côte-d'Azur (Paca) a adopté vendredi un budget présenté comme "100% vert", dont les dépenses et investissements sont évalués puis sélectionnés selon leur impact écologique, présenté comme une "première" européenne.
"Chaque centime d'euro engagé par la région sera soumis à des critères climat adaptés à toutes nos compétences", a expliqué en ouvrant la séance plénière le président de la Région, Renaud Muselier, ex-LR qui a récemment annoncé rejoindre le parti présidentiel Renaissance.
La Région a adopté une méthodologie élaborée par l'I4CE, Institut de l'économie pour le climat, classant selon différents critères les investissements d'une collectivité comme "très favorable, favorable sous conditions, neutre ou défavorable", par rapport aux objectifs climatiques de la France, à savoir atteindre la neutralité carbone en 2050. Une cinquième catégorie, "indéfinie", couvre les dépenses inclassables faute de méthodologie ou certitudes scientifiques.
Les dépenses du conseil régional pour 2023 ont été auto-évaluées à 36,7% très favorables, à 20,6% favorables sous conditions, à 25,8% neutres, à 0,5% "à améliorer" (au lieu de défavorables) et indéfini pour 16,3%.
"Avec ce budget 100% climat nous avons l'ambition de gagner 10 ans sur les objectifs nationaux et devenir une référence française", a souligné M. Muselier devant la presse en présentant ce budget, d'un montant total de 2,8 milliards de dépenses pour 2023.
Avec cette "réorientation complète de nos finances et des critères pour nos subventions", la Région aura pour objectif de ne financer que des programmes au minimum "neutres" en matière de climat, a-t-il ajouté.
Il a reconnu qu'il pourrait y avoir des "exceptions", notamment en matière "d'économie et de rayonnement" de la région. Mais, "il sera plus facile de faire une exception qui sera critiquée si la règle est bien fixée et claire: si vous ne le faites pas (prendre en compte les critères climat) on ne paie pas".
La région Paca compte grâce à cette politique mobiliser 30 milliards d'euros au total sur la période 2023-2028: 15 milliards de crédits régionaux, 10 milliards de crédits européens et 5 milliards de l'Etat.
Parmi les principaux projets, les transports (800 millions dans le budget 2023), avec le dossier emblématique de l'électrification des quais pour éviter la pollution des navires en escale, où encore un vaste programme de rénovation, notamment thermique, des lycées (1,5 milliard sur la période).
La région avait conclu en novembre avec le gouvernement un "protocole d'expérimentation" pour être collectivité "pilote" dans le déploiement de la planification écologique.
Pour Franck Allisio, chef de file de l'opposition RN à la région, avec ce budget "nous sommes passés du greenwashing au Macronwashing".
M. Muselier a présenté ce "budget vert" comme une "première européenne", mais en France l'Occitanie avait par exemple déjà revendiqué un label semblable pour son budget 2022. "Mais le nôtre l'est à 100%", insiste M. Muselier.
Pour Marion Fetet, spécialiste de la question à I4CE, le but n'est "pas de comparer entre elles des régions. Ce qu'il faut c'est voir s'il y a une vrai stratégie de décarbonation, et inscrire l'exercice dans le temps pour voir s'il y a une amélioration," explique-t-elle à l'AFP.
Sans avoir été associée au projet, la spécialiste s'étonne un peu du très faible pourcentage de financements classés défavorables, relevant qu'en avoir "n'est pas forcément un problème", la construction d'une ligne ferroviaire ayant par exemple un impact immédiat négatif mais positif à terme.