"Clair, net, précis": le Pass Culture fait ses premiers pas en Alsace

"500 euros pour la culture, c'est clair, net, précis. Franchement, c'est pas mal": à Sélestat (Bas-Rhin), l'un des cinq départements pilotes où va être testé le Pass Culture, Florian vient d'activer l'application sur son smartphone.

"Clairement, ça pourrait m'amener dans une salle" de spectacles, explique ce grand gaillard, photographe à la recherche d'un emploi et dont la principale activité culturelle consiste à aller "de temps en temps au cinéma".

"On va pas se mentir, c'est pas mal", poursuit le jeune homme, venu vendredi à l'atelier organisé à Sélestat pour aider les jeunes à activer leur Pass Culture. La première phase de test de ce dispositif a débuté le 1er février dans cinq département (Bas-Rhin, Hérault, Finistère, Guyane, Seine-Saint-Denis).

Au total, 12.000 jeunes ont été retenus, dont 2.800 dans le Bas-Rhin, selon Laurène Taravella, du ministère de la Culture, qui co animait aux Tanzmatten, la salle de spectacle de Sélestat, cet atelier, le premier dans le Bas-Rhin. D'autres sont prévus courant février et début mars.

- "S'ouvrir aux autres" -

Promesse de campagne d'Emmanuel Macron, le Pass Culture est une application créditée de 500 euros, téléchargeable sur smartphone, tablette ou ordinateur et qui doit permettre aux jeunes de 18 ans (environ 800.000) d'acheter des produits ou des activités culturels (places de théâtre ou de cinéma, streaming, cours de danse...)

"On peut activer le Pass en ligne depuis chez soi" en scannant les documents demandés -- pièce d'identité et justificatif de domicile -- mais "nous sommes là pour aider et conseiller ceux qui le souhaitent", explique Laurène Taravella.

Vendredi après-midi, une douzaine de jeunes ont fait le déplacement pour valider leur Pass et glaner quelques renseignements sur le dispositif.

Etudiante en sciences de la vie à Strasbourg, Gabrielle Kempf trouve l'idée "assez sympathique": "ça va nous permettre de nous ouvrir aux autres, de nous socialiser, de passer des moments hors de +l'online+", estime la jeune femme.

Cette grande consommatrice de magazines et de films a déjà prévu son premier achat via le Pass : "Une place de musée!"

Si les dossiers sont administrativement validés, l'application ne sera téléchargeable que dans quelques jours, phase de tests oblige. Vendredi, les jeunes ont pu toutefois se faire une première impression via une tablette mise à disposition lors de l'atelier.

- "Ergonomique" -

"+L'appli+ est pas mal ergonomique, c'est une version bêta mais c'est sur la bonne voie", résume, sa planche de skate sous le bras, Antoine Koenig, étudiant en informatique à Illkirch, près de Strasbourg.

S'il se dit volontiers friand de "films et de musique en streaming", il se voit "bouger pourquoi pas dans d'autres activités comme l'opéra, le théâtre ou les cours de musique".

Si ça "peut amener un autre public vers le spectacle vivant (...), alors c'est bien", estime Françoise Digel, directrice de la communication de L'Evasion, un établissement et service d'aide par le travail (Esat) de Sélestat, qui dispose de sa propre salle et propose ses programmations sur l'application Pass Culture.

"Les jeunes ne viendraient pas forcément spontanément" au théâtre, abonde Alice Caspard, responsable de la billetterie aux Tanzmatten. Avec le Pass Culture, "on peut contribuer à former les spectateurs de demain", estime-t-elle.