En plein pic de canicule à Paris, Dany Boudjema, frigoriste, enchaîne les interventions. Il travaille jusqu'à "16 heures par jour" pour absorber la forte demande de réparations et de maintenance de systèmes réfrigérés, y compris dans les hôpitaux.
M. Boudjema, 32 ans, frigoriste à Paris, arrive en ayant "déjà chaud" devant l'hôpital Gustave Roussy à Villejuif (Val-de-Marne), où la température extérieure atteint mardi 38°C.
"Je fais 16 heures par jour minimum en ce moment", témoigne le frigoriste, qui a fini à 04H00 du matin la veille.
Le centre de lutte contre le cancer ne fait pas habituellement partie de sa clientèle, mais il accepte de nouvelles de nouvelles interventions "pour absorber la demande". En prenant l'ascenseur, son téléphone n'arrête pas de vibrer: "c'est toute la journée".
Danny Boudjema doit s'activer pour ne pas être en retard sur ses prochaines interventions. Le soleil tape sur le toit où il monte pour inspecter les machineries. La chaleur rend son travail "plus fatigant". "C'est rare qu'on soit dans les chambres froides".
Les vitrines réfrigérées de la cantine du personnel de l'hôpital dysfonctionnent. "C'est compliqué sans, car ça permet le maintien des sandwichs au frais. Ici, on nourrit 3.500 personnes", explique Cyril Fourdrinier, gestionnaire de la cafétéria du personnel de l'hôpital.
- Les restaurants, "les plus pressés" -
Avec l'épisode de canicule que connaît la France, d'autres frigoristes voient la demande augmenter. "Ça explose. J'ai plus de 50 appels par jour pour des dépannages, des devis...", témoigne José (il n'a pas souhaité donner son nom de famille), 40 ans, lui aussi frigoriste à Paris.
"Les restaurants sont les plus pressés", constate le professionnel. "Ils ont des marchandises de valeur. Ils mettent la pression, ils veulent une solution d'urgence le jour-même".
"Ils nous harcèlent quand la chambre froide tombe en panne", confirme Dany Boudjema, compréhensif: "sans froid, on ne peut pas conserver la nourriture".
Le frigoriste repart justement vers son prochain rendez-vous: la vitrine frigorifiée d'une boucherie à Suresnes (Hauts-de-Seine)qui ne fonctionne plus.
Sur la route, il s'énerve : "mon client que je vais voir, je sais très bien qu'il n'a pas assez entretenu". Pour le professionnel, le manque d'entretien est la cause principale des pannes de climatisation et de réfrigération en été.
"C'est la période où tout le monde se réveille en même temps. Quand la machine est sale, elle souffre dès qu'il fait chaud ", atteste José.
La température est élevée dans la boucherie de Suresnes lorsque M. Boudjema arrive. "Dès qu'il fait chaud, ça souffre. Et là, on pourrait perdre de la marchandise", témoigne Mohammed, le gérant, qui pressait quelques minutes plus tôt le frigoriste par téléphone.
- La demande de clim' explose -
Le secteur des frigoristes, qui regroupait en 2022 près de 14.000 entreprises en France, est aussi sollicité pour installer la climatisation dans les entreprises comme chez les particuliers.
Face à cet épisode caniculaire, les demandes d'installation explosent.
Engie Home Services, spécialisée dans les équipements énergétiques, a ainsi indiqué à l'AFP avoir vu son nombre de demandes de devis considérablement augmenter au cours des dernières semaines.
Le groupe a enregistré 8.374 demandes en juin 2025, contre 2.931 au cours du même mois l'an dernier.
"La clim des particuliers, ça a explosé. La canicule, ça vous fait un pic de demandes", abonde Dany Boudjema. Selou lui, à l'avenir avec les températures plus chaudes, ses clients devront être "patients". "J'ai des interventions prévues tous les jours jusque début octobre".