Pour de nombreux jeunes enfants, il est ou a été le premier héros de fiction : Petit ours brun célèbre ses 50 ans même si, pour toujours, il est âgé de trois ans.
L'ourson sera sans nul doute l'un des héros du salon du livre de jeunesse, le plus grand de France, qui se tient de mercredi au 1er décembre à Montreuil (Seine-saint-Denis).
Petit ours brun, c'est qui ?
Pas de mystère sur son apparence: tout est dans son nom. Mais il n'a pas de prénom et ne vit pas comme un ourson dans la nature sauvage. Plutôt comme un enfant de trois ans dans une maison avec ses deux parents.
L'ourson est apparu pour la première fois en 1975 dans les pages de Pomme d'Api, le mensuel des éditions Bayard destiné aux enfants ne sachant pas lire.
Il est dessiné depuis lors par Danièle Bour, qui peint à la gouache et vit en Haute-Marne, et raconté par Marie Aubinais, qui habite près d'Angers.
Cette dernière a pris il y a 40 ans le relais de Claude Lebrun, aujourd'hui décédée, qui s'était inspirée de son fils pour créer le petit héros.
Quel succès !
En 50 ans, Petit ours brun est devenu une star de l'édition jeunesse, comme en témoignent les chiffres communiqués par Bayard: 600 histoires publiées depuis 1975, 800.000 livres vendus en moyenne par an, un million d'abonnés à la chaîne YouTube, 850 millions de vidéos vues sur France TV, Netflix et la plateforme BayaM. Sans oublier les produits dérivés: jouets, peluches...
La clé du succès des aventures de Petit ours brun, "c'est ce regard d'enfant sur le monde, et non d'adulte sur l'enfant", raconte Marie Aubinais à l'AFP.
Comme les autres
Petit ours brun n'est pas un super héros. Au contraire. Il "est un héros-miroir qui répond à un besoin profond d'identification" des jeunes enfants, selon Bayard.
Dans chaque histoire, les deux autrices le placent, en deux pages divisées en huit cases, dans les situations de la vie quotidienne: il va à l'école, mange un oeuf, a une nouvelle amie, fête son anniversaire, s'amuse à la piscine, trouve un oiseau mort...
"L'important, c'est de faire passer les émotions", souligne Marie Aubinais, qui cherche à écrire des histoire à la fois "précises et concrètes". "Je me documente beaucoup, j'interroge des parents puis j'envoie à la rédaction, qui donne son avis", détaille-t-elle.
Ringard ?
Pour certains, Petit ours brun est "ringard": son dessin serait naïf et désuet tandis que l'environnement dans lequel il évolue serait conservateur.
Ces critiques peuvent être en partie liées à l'identité chrétienne assumée de Bayard, qui prône des valeurs familiales dans ses nombreuses publications pour la jeunesse.
Marie Aubinais défend plutôt le caractère "intemporel" et même "moderne" de son histoire.
"Dès le début, le papa a partagé les tâches ménagères avec la maman: il étend le linge, il se lève la nuit quand Petit ours brun fait pipi... Ce qui était vraiment moderne au milieu des années 1970", souligne-t-elle. "Et on continue à le faire évoluer", par exemple en introduisant les concepts de divorce et de famille recomposée.
Idem pour le dessin qui, s'il reste classique et sage, met désormais des baskets aux pieds de l'ourson et le smartphone dans la maisonnée.
Ecolo
Les autrices, qui vivent à la campagne, mettent régulièrement Petit ours brun à l'extérieur, pour une promenade ou une séance de "jardinage avec Papi", par exemple. "Il s'agit de faire aimer la nature aux petits enfants pour qu'ils aient envie de la protéger", avance Marie Aubinais, qui revendique par ailleurs la "lenteur" - assumée - de l'ourson.