En matière de chauffage, le fioul domestique, dont la consommation diminue depuis 2005, n'a peut-être pas dit son dernier mot: les professionnels misent sur l'agrofioul à base de colza dont les ventes balbutiantes ont démarré cette année.
"Les ventes sont assez modestes, c'est le démarrage, il a fallu que la logistique se mette en place", a précisé à la presse Eric Laly, président de la Fédération française des combustibles, carburants et chauffages qui regroupe 1.000 petites et moyennes entreprises de la distribution indépendante d'énergie hors réseau, livrant fioul, bois, pellets ou granulés.
Depuis son autorisation fin 2022, il s'est ainsi vendu "de l'ordre de 5.000 m3" d'agrofioul F30, contenant jusqu'à 30% d'ester méthylique de colza, comparé à 5 millions de m3 de fioul domestique classique, une énergie fossile dérivée du pétrole dont les pouvoirs publics encouragent la sortie. La consommation individuelle moyenne d'un foyer est de 1,5 m3 par an.
Pour la suite, le volume des ventes dépendra du prix de l'agrofioul, 15% plus cher que le fioul, et du marché des chaudières. Celui-ci s'est effondré, tombant en dessous de 10.000 chaudières vendues à fin août, contre quatre fois plus à l'apogée de ce mode de chauffage prisé à la campagne.
L'agrofioul souffre d'une fiscalité identique à celle du fioul classique, déplore la FF3C qui a plaidé jeudi pour que cela change et s'est plainte du parti pris des pouvoirs publics en faveur du "tout électrique".
Pour les distributeurs, autant que pour les fabricants, l'ambition est de parvenir à un agrofioul F100 soit à 100% renouvelable, mais "ce ne sera pas avant 2030", selon M. Laly.
L'année écoulée a été consacrée à ouvrir de nouveaux dépôts pour améliorer l'approvisionnement en agrofioul, "primordial pour la continuité de l'activité dans le fioul domestique", selon Thierry Muller de la Fédération française des pétroliers indépendants (FFPI) et dirigeant de Varo Energy France. Le maillage dans l'Hexagone devrait être "satisfaisant" en 2024.
En France, les professionnels estiment à encore 2,8 millions le nombre de maisons individuelles chauffées au fioul, et 300.000 logements en immeubles collectifs, contre environ 3,5 millions de foyers en 2018.