Les députés Insoumis ont défendu mercredi une nouvelle motion de censure contre le gouvernement Bayrou, l'accusant de "bafouer" le résultat des législatives, le Premier ministre leur reprochant en retour de mettre en place "une tactique méthodique, constante, permanente de l'obstruction" au Parlement.
En l'absence de soutiens suffisants, et des voix PS et du RN, la septième motion de censure contre le gouvernement de François Bayrou n'a aucune chance d'être adoptée en fin d'après-midi, mais elle a offert le terrain pour un match retour sur une proposition de loi agricole clivante.
"Il y a bientôt un an que le résultat des urnes est bafoué par le Président de la République", a lancé depuis la tribune la députée insoumise Mathilde Hignet. Elle a accusé le gouvernement et ses soutiens de faire "alliance une fois de plus avec l'extrême droite sur l'un des textes les plus rétrogrades pour notre environnement".
Le groupe écologiste devrait largement voter la motion de censure, la députée Sophie Taillé-Polian, dénonçant une "loi poison". Dans le viseur : un coup tactique du bloc central, soutenu par l'alliance entre le RN et les ciottistes, concernant la loi agricole dite Duplomb-Menonville.
Le texte, clivant, porte notamment une mesure de réintroduction à titre dérogatoire d'un pesticide néonicotinoïde. Ecologistes et insoumis avaient répondu dans l'hémicycle en déposant une multitude d'amendements (quelque 1.500 écologistes et 800 LFI).
Invoquant une "obstruction", les députés favorables à l'essentiel de la loi ont choisi de rejeter eux-mêmes le texte de manière préventive, pour sauter l'étape de l'Assemblée, et l'envoyer directement devant une commission mixte réunissant sept députés et sept sénateurs
- Assemblée "bâillonnée" -
"Le gouvernement n'est pas à l'origine de ce texte. Il n'est pas à l'origine de son adoption. Il n'est pas à l'origine de la motion de rejet, mais il est coupable", a ironisé depuis la tribune François Bayrou, estimant que "c'est la première fois que l'Assemblée nationale est invitée à voter contre l'Assemblée nationale".
Plus offensif ensuite il a accusé les Insoumis de se livrer au Parlement à une "tactique méthodique et constante, permanente de l'obstruction, du blocage, c'est à dire, au bout du compte, de l'immobilisme".
Le chef du gouvernement a également défendu la loi Duplomb-Menonville, dont "plusieurs mesures sont vitales pour notre agriculture". Quant au Parlement, il a appelé à en revoir le fonctionnement, et privilégier l'examen de plusieurs textes de loi en même temps, que les députés voteraient ensuite "lors de séance plénière concentrée sur une demi journée par exemple, comme cela se passe au Parlement européen".
François Bayrou ne risque cependant pas de tomber sur cette septième motion de censure.
Pour le PS, Mélanie Thomin a déploré une Assemblée "bâillonnée" par la tactique sur la loi Duplomb. Mais "nous ne voulons pas voter une motion de censure contre le Parlement", a-t-elle confirmé, le PS renvoyant une éventuelle censure aux suites données par le gouvernement au "conclave" sur les retraites
Le RN ne votera pas non plus la motion de censure "politicienne", selon un cadre.
Sans les votes PS et RN, la motion n'a aucune chance d'atteindre les 289 voix nécessaires pour renverser le gouvernement.