Ce que dit l'Église sur l'investissement financier

Selon le 5e Observatoire des fonds d'Éthique chrétienne publié par la Conférence des évêques de France, "l'Église reconnaît que le +marché+ est une forme efficace de coopération entre les hommes", mais rappelle que le chrétien doit "tenir compte des effets de l'usage de ses ressources" et "agir de façon à poursuivre le bien commun".

En s'appuyant sur le "Compendium de la doctrine sociale de l'Église" (DSE) - synthèse de l'enseignement des papes sur le sujet depuis la fin du XIXe siècle -, la Conférence des évêques de France dégage cinq axes clefs à avoir en tête lorsqu'elle "invite" ses ouailles "à investir leur épargne", toujours "en mesurant l'efficacité nécessaire de leurs placements, mais aussi leur utilité sociale et la dimension éthique de leurs choix".

Bon fonctionnement des marchés

"Soucieuse de favoriser l'équité des échanges économiques, l'Église est attentive aux devoirs qui s'imposent aux différents acteurs", affirme la Conférence des évêques de France, s'appuyant sur la DSE. Le chrétien devrait ainsi veiller au respect "de pratiques concurrentielles" dans ses investissements, au "développement de relations de coopération avec les fournisseurs et les sous-traitants" ainsi qu'à "la prévention de la corruption et la lutte contre la criminalité financière".

Gouvernance vertueuse

"Afin de favoriser la convergence entre l'ordre économique et la règle morale", la Conférence des évêques de France estime l'Église "particulièrement attachée" à "un dialogue ouvert entre la direction et les représentants du capital et du travail", ainsi qu'avec les autres "parties prenantes" (citoyens, clients).

Elle réclame "une juste rémunération pour tous et de règles de répartition équitable des profits entre les différentes parties prenantes", soutenant les "mécanismes d'intéressement financier" pour les salariés.

Question délicate de la "vie humaine"

Selon la Conférence des évêques de France, l'Église est "particulièrement attachée" à "l'intégrité de la personne humaine et au respect de la vie". Concrètement, le point 233 de la DSE estime "moralement illicites (...) la stérilisation et l'avortement", tout comme "le recours aux moyens contraceptifs", si bien que les investissements dans les laboratoires pharmaceutiques sont particulièrement scrutés.

De cela découle aussi un rapport ambivalent à la guerre, l'Église étant attachée à "la promotion de la paix dans le monde", selon la Conférence des évêques, même si la DSE reconnait un droit de prendre les armes en cas de "légitime défense" ou pour "aider les victimes innocentes". Globalement, l'Église appelle à un "désarmement général, équilibré et contrôlé", rendant délicats les investissements dans l'armement.

Préservation de l'environnement

L'Église est attachée à la préservation du "bien commun de l'humanité, y compris pour les générations à venir", explique la Conférence des évêques. A ce titre, elle appelle les investisseurs à participer à "la protection de l'environnement et, en particulier, à l'application du principe de précaution et de prévention des risques de pollution", ainsi qu'à surveiller que les technologies dans lesquelles ils investissent soient "respectueuses de l'environnement et des ressources naturelles".

Droit du travail et progrès social

La Conférence des évêques de France s'appuie sur le passage de la DSE affirmant que "le but du travail c'est l'homme lui-même" et non le contraire, et pose cette règle peu intuitive en finance: "l'emploi et la production de richesses pour tous" doivent primer "sur la recherche du profit financier le plus élevé pour les détenteurs de capitaux".

Sur le droit du travail, la Conférence rappelle que l'Eglise est attachée à "l'abolition progressive du travail des enfants", "l'élimination de la discrimination en matière d'emploi et de profession", "la qualité des conditions générales de travail" (hygiène, santé, sécurité), ainsi qu'à "la promotion du dialogue social au sein de l'entreprise".

L'Église affirme le rôle social du travail et se dit "particulièrement attachée" à "l'intégration de personnes défavorisées, de personnes handicapées ou de personnes peu qualifiées".