L'ancien Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve a mis en garde mercredi les écologistes contre la "moindre faiblesse" sur "l'ordre républicain, l'Etat de droit et la laïcité", disant avoir constaté dans cette famille politique "des courants contrastés" sur ces sujets.
Interrogé sur France Inter à propos des fortes ambitions d'EELV, l'ancien ministre de l'Intérieur, qui depuis quelques mois reparaît régulièrement dans les médias, au point de nourrir les spéculations sur une éventuelle ambition présidentielle, a reconnu "la nécessité de sauver la planète".
Mais il a fait deux mises en garde aux écologistes. D'abord sur la croissance, qu'il estime nécessaire pour assurer la "justice sociale" demandée par "une société française rongée de l'intérieur par le sentiment d'injustice".
"Si pour sauver la planète nous ne sommes pas capables de créer les conditions d'une croissance sobre et sûre, il n'y aura pas de possibilité de redistribution", a-t-il plaidé, avant d'ajouter: "Yannick Jadot dit peut-être cela mais il faut régler un problème concret qui est celui de la relation que l'on a à la croissance."
Bernard Cazeneuve a ensuite insisté sur l'existence indispensable, pour exercer le pouvoir, d'"un troisième pilier, la pensée républicaine". "Je ne pense pas que l'on puisse, sur la question de la République, de l'ordre républicain, de l'État de droit, de la laïcité, témoigner de la moindre faiblesse", a-t-il poursuivi.
Or selon lui, "il y a parmi les écologistes sur ce sujet-là des courants contrastés et je les ai vus à l'oeuvre, lorsque j'étais ministre de l'Intérieur", de 2014 à 2016 pendant le quinquennat Hollande.
Son passage au ministère avait notamment été marqué par la forte opposition de militants écologistes aux projets d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes et de barrage à Sivens. La mort en 2014 dans le Tarn de l'un d'entre eux, Rémi Fraisse, 21 ans, touché par une grenade offensive lors de violents affrontements entre manifestants et forces de l'ordre, avait aggravé la fracture entre certains milieux écologistes et de gauche radicale et le Parti socialiste.
Ces derniers mois, les responsables d'EELV n'ont pas caché leur scepticisme quant au retour en politique de Bernard Cazeneuve, qu'ils jugent peu qualifié sur l'écologie.