Alors que les vacances commencent à peine, les noyades atteignent déjà un niveau inquiétant en France. Plus de 100 personnes en sont mortes ces dernières semaines, un bond qui apparaît lié aux fortes températures et qui touche notamment les adolescents.
Les "chiffres sont en très forte hausse" et "on fait le lien avec la période de canicule qu'on vient de subir", a résumé vendredi, lors d'une conférence de presse Aymeric Ung, épidémologiste pour l'agence Santé publique France.
Celle-ci donnait un premier bilan du nombre de noyades, mortelles ou non, en France. La période étudiée s'écoulait du 1er juin au 2 juillet et comprenait donc la vague de chaleur d'une ampleur rarement vue qui a frappé quasiment toute la métropole de mi-juin à début juillet.
Sur cette période, plus de 400 noyades ont été recensées et, dans un quart des cas, elles ont été fatales: 109 personnes en sont mortes. Par rapport à la même époque de 2024, le nombre total de noyades double et celui des décès augmente de moitié.
Si l'agence de santé publique ne détaille pas les situations particulières, l'actualité récente en a donné plusieurs exemples dramatiques: deux adolescents noyés dans une zone sauvage de la Loire mi-juin, près de Saint-Etienne, une jeune femme de 24 ans décédée quelques jours plus tard dans une rivière des Deux-Sèvres, en marge de la Fête de la musique...
De fait, les jeunes sont particulièrement touchés, avec notamment un bond des noyades fatales chez les mineurs: on en recense déjà 19 depuis juin. Un an plus tôt, on en comptait moins de dix.
Dans quelques cas, ce sont des enfants qui se sont noyés dans des piscines privées. Mais le plus souvent, ces morts concernent des adolescents (plus de 13 ans) qui se baignaient dans des cours ou des plans d'eau. Par contraste, les noyades d'adultes ont tout autant lieu en mer.
- Jamais d'alcool -
Quelle que soit la tranche d'âge concernée, le bond des noyades est d'autant plus préoccupant que la période des vacances, propice à ces accidents, n'avait même pas commencé pendant l'essentiel de la période étudiée.
Les autorités sanitaires ne doutent en tout cas guère que cette tendance soit une conséquence directe de la chaleur: "ces conditions ont entraîné un afflux de population vers les sites de baignades pour se rafraichir", a insisté M. Ung.
Les noyades viennent s'ajouter, de manière indirecte, à l'ensemble des problèmes de santé accentués par les fortes températures, alors que celles-ci deviennent de plus en plus fréquentes dans un contexte de réchauffement climatique.
Un phénomène semblable est souvent observé pour les intoxications alimentaires, qui tendent à augmenter pendant la chaleur à la suite de ruptures plus fréquentes de la chaîne du froid.
Dans ce contexte, l'agence, qui continuera à surveiller l'évolution des noyades pendant tout l'été, a réitéré de multiples messages de prévention.
Les jeunes enfants ne doivent jamais être laissé sans surveillance au bord de l'eau, il ne faut pas se baigner si l'on se sent mal ou fatiguer, veiller à prévenir un proche avant une baignade, surtout ne pas consommer d'alcool auparavant.
L'éducation à la nage est essentielle, prévient Santé publique France, qui appelle à "apprendre aux enfants à nager le plus tôt possible et familiariser les enfants au milieu aquatique dès le plus jeune âge". Même adulte, "il n'est jamais trop tard pour apprendre à nager", rappelle l'agence.