Que faire de tous ces papiers et cartons issus du boom de l'emballage? Le secteur de la collecte et du tri des déchets se préoccupe du manque de capacités de recyclage de ces matières en France, appelant au retour de l'industrie papetière dans l'Hexagone.
"La tendance est toujours la même: la fermeture et la disparition de capacités de recyclage et transformation en France", a déploré mercredi auprès de l'AFP Nicolas Bequaert, de la Fédération des activités de dépollution et de l'environnement (Fnade), citant la fermeture en 2020 de la papeterie Chapelle Darblay, près de Rouen, laquelle pour la filière était "un très gros débouché".
"Nous soutenons toute dynamique de relocalisation en France. C'est une grande préoccupation car on est dans un déséquilibre offre-demande", dit-il. "Les excédents doivent être recyclés de plus en plus loin. Il serait aberrant d'en arriver à une situation où le geste de tri se développe mais où l'on se retrouve avec de gros volumes à vendre dans des pays lointains".
Depuis quelques années, la filière du traitement des déchets constate une baisse de la collecte de "papiers graphiques" (entre -5% et -7% par an). En cause, un recul des journaux papier, moins de prospectus distribués, moins de catalogues proposés aux caisses de grandes surfaces... sur fond de montée du numérique.
Mais c'est l'inverse pour les cartons d'emballage, dont la collecte est "en croissance régulière et constante", chez les particuliers comme les entreprises, du fait du boom de l'e-commerce, de la vente alimentaire à emporter, des petits contenants (on hésite moins à commander par petites unités) ou encore du rejet du plastique qui incite les fabricants à préférer le carton.
Quelque 9,2 millions de tonnes de papier-carton sont collectées chaque année, dont 7 millions partent en France et le reste est exporté, à 85% en Europe (Espagne et Allemagne surtout).
La filière déchets a toujours eu besoin d'exporter une part du papier, admet M. Bequaert, et pendant 20 ans ce fut notamment en Asie. Mais en 2018 la Chine a fermé ses frontières, comme aux importations de déchets plastiques quelques mois plus tard.
Les temps changent, ajoute le président du collège recyclage de la Fnade: "Les consommateurs sont plus attentifs à la provenance des biens, y compris des emballages. Envoyer à l'étranger des papiers et cartons collectés sur le territoire français, c'est du transport, des émissions de CO2".