Carburants: Macron monte au front, ouvre la voie à un "accompagnement" de l'Etat

Le gouvernement, qui peine à éteindre l'incendie suscité par la flambée des prix des carburants, n'écarte plus désormais des mesures pour atténuer notamment la hausse des taxes sur laquelle se concentre la colère des Français.

Lundi, le président de la République a rejoint ses ministres dans l'opération de défense de la politique fiscale du gouvernement. "J'assume parfaitement que la fiscalité due au diesel soit au niveau de celle de l'essence et je préfère la taxation du carburant à la taxation du travail", a affirmé Emmanuel Macron dans un entretien aux journaux du groupe Ebra.

Mais il a aussi ouvert la voie à un accompagnement de l'État, alors qu'une réunion interministérielle s'est tenue dans la matinée sur le sujet, selon des sources gouvernementales concordantes.

"La région Hauts-de-France a proposé une aide au transport pour ceux qui ont plus de 30 km par jour de déplacement. J'ai demandé au gouvernement de voir comment nous pouvons accompagner cela", a-t-il indiqué, évoquant un défiscalisation possible de cette aide.

"On nous a expliqué pendant des décennies qu'il fallait acheter du diesel et maintenant c'est le contraire. C'est normal que ce soit mal compris", a encore convenu le chef de l'État.

Le ministre de l'Économie a toutefois rejeté lundi tout coup d'arrêt à la hausse de la fiscalité, qui doit encore augmenter au 1er janvier. "Non, elle ne sera pas suspendue. On ne suspend pas la transition écologique, la conversion du parc automobile français, qui est nécessaire", a affirmé Bruno Le Maire sur BFMTV.

En un an, le prix du diesel à la pompe a progressé d'environ 23% contre 15% pour celui de l'essence, surtout à cause de la hausse des cours du pétrole, même si une baisse s'est amorcée depuis deux semaines.

Le mécontentement est monté en puissance ces dernières semaines, avec des pétitions rassemblant des centaines de milliers de signatures, et un appel à bloquer les routes et les autoroutes le 17 novembre.

- chèque carburant -

Lundi, plus d'une centaine de poids lourds menaient des opérations escargot sur les principaux axes routiers de Champagne-Ardenne, contre la fin d'une ristourne fiscale pour les carburants non routiers au programme du budget 2019.

Certains responsables politiques, comme le Rassemblement national, des élus LR ou le patron de Debout la France Nicolas Dupont-Aignan, ont apporté leur soutien à ces mouvements, tandis que des parlementaires de tous bords politiques demandent au gouvernement des mesures d'aides pour les ménages précaires.

Dimanche, les deux députés LR Guillaume Peltier et Damien Abad, emboîtant le pas à d'autres responsables politiques, ont proposé la création d'un "chèque carburant" de 100 euros distribué à "13 millions de Français de province" qui n'ont "pas accès aux transports en commun".

Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a réclamé de son côté la création d'un "chèque transport" sur LCI.

Signe que le sujet suscite un malaise jusqu'au sein de la majorité: le député LREM Matthieu Orphelin a réitéré lui aussi sa proposition d'aider les ménages des zones rurales et périrubaines en cas de forte hausse des prix.

M. Le Maire a déjà manifesté son opposition à un chèque carburant. Ce serait une "solution à court terme qui contribuerait au réchauffement climatique", avait-t-il estimé le 27 octobre dans un entretien au Parisien.

Il mettait en avant l'augmentation du chèque énergie l'an prochain, octroyés aux ménages à faibles revenus, même s'il ne concerne que les dépenses de chauffage, le renforcement de la prime à la conversion ou encore le crédit d'impôt transition énergétique (CITE) pour certains travaux d'économie d'énergie dans les logements. Des arguments qui ont peu porté jusqu'ici auprès des automobilistes.