Froid glacial en classe en hiver, fournaise en été, pluie qui goutte du plafond... 20 à 30% des bâtiments scolaires sont "vétustes" et "inadaptés" aux événements climatiques extrêmes comme les canicules de cet été, affirme un collectif, réclamant des mesures d'urgence.
L'Alliance écologique et sociale, qui rassemble les ONG Greenpeace, Oxfam, les syndicats CGT Educ'action et Snes-FSU entre autres, plaide pour un plan de rénovation à 5 milliards d'euros par an pendant dix ans, d'après un rapport vendredi.
"Plus de 2.200 établissements ont été fermés en juin et juillet, alors même que des centaines de milliers d'élèves et de personnel scolaire étaient mobilisés sur les épreuves du brevet et des oraux du baccalauréat", rappelle le collectif dans un communiqué.
"On a beaucoup souffert sur la première période caniculaire de juillet, notre bâti scolaire date des années 80 et n'est pas adapté, avec une cour très bétonnée", raconte à l'AFP Philippe, un directeur d'école dans le sud-ouest.
"Nous n'avons nulle part de rideaux ou volets extérieurs. Quand il fait chaud, le soleil tape jusqu'à 22H00. Pendant les journées de canicule, j'étais à l'école dès 6H00 du matin, il faisait déjà 32 à 34 degrés dans les classes. On ouvrait les fenêtres pour que la température redescende à 28 degrés pour l'arrivée des élèves à 8H30", poursuit-il.
Ce responsable insiste sur le problème de la pause méridienne lorsque le soleil brûle, dans des cours dépourvues d'arbre: "on ne peut pas laisser les enfants dehors, la chaleur est horrible".
Faute d'instructions officielles du maire ou de l'Education nationale, il a pris sur lui de dire aux parents de garder leurs enfants chez eux s'ils le pouvaient.
- "Amiante ou moisissure" -
Laisser les chefs d'établissements contraints de "renvoyer chez eux les élèves systématiquement quand il fait chaud n'est pas acceptable" car cela crée des inégalités sociales et territoriales, a fustigé Nicolas Nace, de Greenpeace, lors d'une conférence de presse du collectif, insistant sur le fait que les canicules sont amenées à se multiplier avec le réchauffement climatique.
"On a vu dans les enquêtes syndicales précédentes qu'on était autour de 50% d'établissements scolaires sans protection solaire extérieure ou volets", a expliqué à l'AFP Cyril Verlingue, du Snes-FSU, en marge de la conférence de presse.
L'Alliance écologique et sociale demande "d'urgence" au gouvernement un observatoire du bâti scolaire pour dresser un constat "établissement par établissement", assorti d'un protocole "clair et à la hauteur" à appliquer lors de canicules ou autres événements climatiques.
La vétusté dénoncée va au-delà des problèmes thermiques: "dégradation des murs, des sols, du matériel, etc. On peut avoir de l'amiante (...) des moisissures...", remarque Cyril Verlingue.
Le gouvernement avait lancé en 2023 un plan de rénovation énergétique du bâti scolaire, "EduRenov" qui devait permettre de financer 2 milliards d'euros de travaux d'ici 2027 dans 10.000 établissements.
Le collectif avance le chiffre de 3.000 établissements rénovés en deux ans - sur plus de 58.000 au total en France - ce qui leur semble insuffisant, pour des travaux parfois trop partiels.
Dans un contexte où les finances des collectivités locales, en charge de la rénovation du bâti scolaire, sont sous pression, le collectif demande un plan de financement de l'adaptation du bâti scolaire.
Il pourrait s'appuyer selon lui sur un système de taxation "verte" en taxant davantage les transactions financières ou les investissements "climaticides", c'est-à-dire polluants ou contraires aux objectifs de l'Accord de Paris sur le climat.