Canicule: Lyon veut pouvoir restreindre la circulation avant les pics de pollution

Le président écologiste de la métropole de Lyon, Bruno Bernard, demande à ce que des restrictions de la circulation automobile puissent être mises en place avant même l'apparition de pics de pollution.

Dans un courrier adressé au préfet, dont l'AFP a pris connaissance jeudi, M. Bernard relève que la dégradation de la qualité de l'air est souvent la conséquence de la canicule qui peut, elle, être anticipée.

"Nous devons passer d'une logique de gestion de crise à une logique d'anticipation des épisodes de pollution atmosphérique. Ainsi, il serait judicieux de s'appuyer, non pas sur les données mesurées par l'association agréée de surveillance de la qualité de l'air, mais bien sur les prévisions de dépassement des seuils d'alerte", écrit-il.

Le nouvel élu réclame aussi que ces restrictions s'appliquent aux grands axes autoroutiers - notamment l'A6/A7 (récemment rebaptisé M6/M7 dans la traversée de l'agglomération) - qui en sont jusqu'ici exemptés.

Il souhaite enfin qu'un plus grand nombre de véhicules soient interdits de circulation lors des alertes pollution.

En alerte 1, les véhicules classés Crit'Air 4 et 5 seraient ainsi interdits ; en alerte 2 seraient aussi concernés les véhicules Crit'Air 3.

"Lors de l'atteinte du niveau 2 aggravé", seuls les véhicules électriques et hybrides (Crit'Air 0 et 1) seraient autorisés à circuler, demande M. Bernard.

La vérification du respect de ces interdictions pourrait passer par la mise en place par l'État d'un système automatique de lecture des plaques d'immatriculation.

A la préfecture, on se dit "tout à fait favorable à une évolution de la réglementation".

"Des échanges ont déjà eu lieu avec le président de la métropole ainsi qu'avec les maires de Villeurbanne, Bron et Caluire", communes entrant dans le périmètre de la zone de faible émission mise en place en début d'année, relève-t-on.

"Nous sommes tout à fait ouverts à aller plus loin", ajoute-t-on, "mais cela doit passer par une évolution de la réglementation, qui prendra plusieurs mois car elle nécessite une consultation des territoires concernés".

"Dans l'immédiat, d'autres mesures peuvent être mises en oeuvre", comme la baisse du prix du ticket Tick'Air qui permet, pendant les périodes d'alerte à la pollution, de voyager sur le réseau lyonnais de transports en commun pendant 24H00 pour 3 euros. Ce prix est plus élevé que dans d'autres villes.

Dans sa lettre, le patron de la métropole rappelle que ses administrés sont exposés chaque année "pendant plus d'un mois" à des niveaux de pollution "dépassant les niveaux de recommandation et d'alerte réglementaires".

Il rappelle que le 10 juillet le Conseil d'État "a ordonné au gouvernement de prendre des mesures effectives pour réduire la pollution de l'air, sous peine de verser une astreinte de 10 millions d'euros par semestre de retard".

En raison de l'épisode de pollution à l'ozone en cours depuis mercredi, la préfecture a par ailleurs déclenché une alerte de niveau 1, ce qui implique l'instauration de la circulation différenciée sur une partie de l'agglomération lyonnaise.

Les seuls véhicules autorisés à circuler dans les communes de Lyon, Caluire-et-Cuire et Villeurbanne (à l'exception du périphérique Nord et des voies métropolitaines) sont ceux classés "zéro émission moteur" et Crit'Air 1, 2 ou 3.