Les trois groupes de gauche au Sénat, minoritaires, ont présenté lundi une démarche unie en marge de l'examen du budget en vue de "réorienter" le projet du gouvernement vers plus de "justice fiscale", promettant de porter une douzaine de mesures en commun.
Alors que la chambre haute a entamé lundi l'examen du projet de budget pour 2025, les groupes socialiste, écologiste et communiste du Sénat ont tenu une conférence de presse commune, fait rarissime à la haute assemblée, où les alliances législatives (Nupes puis Nouveau Front populaire) ont moins d'amateurs qu'à l'Assemblée nationale.
"La situation politique dans laquelle s'inscrit ce projet nous oblige à clarifier les positions", a souligné le sénateur socialiste Thierry Cozic. "Il est important que la gauche, dans sa diversité, montre qu'elle a à la fois le sens des responsabilités, mais aussi qu'elle est unie", pour "réorienter" ce projet.
Les trois groupes, qui représentent une centaine de sénateurs (sur 348) dans l'hémicycle, ont déposé une douzaine d'amendements à l'identique sur le projet de budget, défendant par exemple le rétablissement d'un impôt sur la fortune climatique, de l'"exit tax", la création d'un impôt sur les superprofits ou encore la majoration du "versement mobilité" des entreprises.
"Tant que le gouvernement et cette majorité sénatoriale (une alliance droite-centristes, NDLR) considérera qu'il est plus facile d'aller taper sur la masse plutôt que sur ceux qui ont le plus de moyens, nous continuerons sans relâche de défendre notre position" pour "plus de justice fiscale", a ajouté l'écologiste Ghislaine Senée.
Les trois groupes entendent notamment porter divers amendements du NFP adoptés lors des débats à l'Assemblée, avant que le texte ne soit rejeté à l'initiative du camp gouvernemental, avec les voix du Rassemblement national.
"Quand on a face à nous de la droite, de la droite et de l'extrême droite, la gauche se rassemble au Sénat pour développer une alternative au budget proposé par Michel Barnier", a repris le communiste Pascal Savoldelli.
Les trois groupes de gauche, conscients que leur marge de manoeuvre sera très limitée lors des débats en raison de leur minorité, espèrent mettre la droite face à ses "contradictions" sur certaines mesures, comme l'indexation de la dotation globale de fonctionnement des collectivités (DGF) sur l'inflation, déjà votée l'année passée.