Bretagne: un investissement dans le "plus gros chalutier du monde" dénoncé par des associations

L'annonce d'un investissement de la Compagnie des pêches de Saint-Malo dans le navire Annelies Ilena, considéré comme "le plus grand chalutier pélagique au monde", est dénoncée par les défenseurs de l'environnement qui condamnent un "pillage des océans".

La Compagnie des Pêches Saint-Malo, qui compte 350 collaborateurs et trois navires, avait fait cette annonce en décembre dans un communiqué sur Facebook.

Elle annonçait notamment son intention d'investir 15 millions d'euros "pour installer une nouvelle unité de production de surimi base" à bord de l'Annelies Ilena, un chalutier de 145 mètres de long pour 24 mètres de large, propriété d'un armement néerlandais.

Dans un communiqué vendredi soir, la société malouine indique qu'elle "n'exploite pas le navire en propre et n'en est pas propriétaire" et que son investissement dans ce chalutier géant n'augmentera pas son volume de production.

Selon le communiqué, "la part de quota de merlan bleu qui va être apportée au projet correspond à celle du Joseph Roty II", son précédent navire construit en 1974 pour la pêche au cabillaud à Terre-neuve avant d'être modifié en 1990 pour la transformation de merlan bleu en surimi. "Aucun quota ne va être +récupéré+ au détriment d'un autre navire ou d'un autre armement", assure la société.

Seul navire armé pour la production de surimi en Europe, le Joseph Roty II embarquait 50 marins, pour 3.000 tonnes de production par an. Selon la compagnie des pêches, "les marins en CDI qui travaillaient sur le Joseph Roty II (35-40 marins) rejoignent et complètent les équipes de l'Annelies Ilena et restent sous contrat français".

A Saint-Malo (Ille-et-Vilaine), "les 170 employés de l'unité de transformation ainsi que les 30 emplois sur les fonctions support sont par ce projet pérennisés", affirme le communiqué, précisant que "le navire débarquera sa production (poissons entiers et surimi base) aux Pays-Bas".

L'association Bloom a dénoncé dans un communiqué une "décision aberrante", affirmant que l'Annelies Ilena avait été baptisé le "Navire de l'Enfer" lorsqu'il pêchait au large des côtes mauritaniennes "en raison de ses pratiques de pêche destructrices".

"L'Annelies Ilena est un navire-usine, capable de capturer 400.000 kilos de poisson toutes les 24 heures, avec une capacité de stockage de 7 millions de kilos", souligne l'association.

"Après la course au gigantisme des navires marchands, la course des navires pilleurs des Océans est en route. Devrons-nous aussi la subir?", s'est interrogé pour sa part l'association bretonne Mor Glaz, de défense de la mer et des marins, dans un communiqué de presse.

Battant pavillon polonais, "Annelies Illena, qui dispose de ses propres quotas, poursuivra son activité traditionnelle" de "surgélation du merlan bleu en entier pour la consommation humaine", selon le communiqué de la Compagnie des pêches. Selon le texte, "il y a ainsi une optimisation de moyens de production" en passant de "deux navires pêchant la même espèce à un seul navire".

Ce projet devait faire l'objet d'une première campagne d'essai fin janvier/début février 2024.

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