Bretagne: les agriculteurs manifestent contre la pression des normes administratives

Une centaine d'agriculteurs ont manifesté mercredi à Rennes, avec autant de tracteurs, pour dénoncer la pression administrative qu'ils disent subir de la part de l'Europe et des autorités françaises, a constaté un journaliste de l'AFP.

Un premier rassemblement a été organisé à la mi-journée devant le conseil régional de Bretagne. Puis les manifestants, avec tracteurs et remorques, se sont retrouvés devant le siège de la DRAAF (Direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt), l'interlocuteur principal des agriculteurs au niveau de l'Etat, au son des pétards et avec quelques jets de fumier sur l'entrée.

"Aujourd'hui, on n'est pas venu manifester pour les prix de telle ou telle filière, on est tous ensemble pour exprimer notre exaspération, notre fatigue devant une accumulation de normes qui n'est pas justifiée", a résumé Christian Mochet, l'un des responsables de la FDSEA (Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles) d'Ille-et-Vilaine.

Sur les pancartes accrochées aux tracteurs à Rennes, on pouvait lire notamment: "France, veux-tu encore de tes paysans?", "la terre se laboure avec du savoir-faire, pas un ordinateur", ou encore "on marche sur la tête", ce slogan accompagné de panneaux de signalisation d'entrée de communes inversés à 180 degrés.

Ces panneaux à l'envers se sont multipliés dans plusieurs régions de France ces dernières semaines à l'appel des syndicats agricoles majoritaires, FDSEA et JA (Jeunes agriculteurs). Ils considèrent être insuffisamment écoutés par l'Etat, notamment sur les différences de règlementation entre la France et certains pays d'importation, y compris membres de l'Union européenne.

Une délégation de manifestants a été reçue dans l'après-midi par la DRAAF pour faire entendre les griefs de la profession et leurs inquiétudes sur leur avenir. "Baisse de la rémunération, baisse de la production française, hausse des charges de 18%, augmentations des importations, réglementations aberrantes et changeantes, interdiction de retournements de prairies...", égrène le tract diffusé pour l'occasion.

Aux responsables de la DRAAF sortis leur expliquer que leurs demandes n'étaient pas de leur compétence mais qu'elles seraient transmises à Paris, un éleveur, désemparé, a rétorqué: "J'ai vu mon père pleurer devant moi en me disant qu'il n'aurait jamais dû me transmettre la ferme, qu'il m'avait mis dans la merde".

"Je suis la cinquième génération de paysans, je suis fier de me lever le matin pour faire mon travail mais aujourd'hui je dis à mes enfants de ne pas le faire... Donnez-nous envie de continuer !", a-t-il lancé.

Tous les agriculteurs interrogés par l'AFP disent être obligés, sous peine de sanctions, de consacrer plusieurs heures par jour à remplir un nombre croissant de déclarations et carnets divers, pour obtenir des aides ou satisfaire à leurs obligations environnementales. Et beaucoup se plaignent en retour d'importants retards de la part des administrations quand il s'agit de traiter leurs dossiers ou de leur verser certaines aides.

D'autres manifestations contre la politique agricole étaient également programmés mercredi dans plusieurs autres villes de Bretagne.