Bras-de-fer mairie de Paris/gouvernement autour de la vitesse sur le périphérique

La mairie de Paris veut baisser de 70 à 50 km/h la vitesse sur le périphérique parisien dès fin 2024, le gouvernement s'y oppose à court terme: ce débat a pris des allures de bras-de-fer jeudi, dans un contexte politique déjà très tendu autour des transports.

Jeudi matin, le ministre des Transports Clément Beaune a allumé la mèche en affirmant que l'Etat ne "validera pas" fin 2024 l'abaissement de la vitesse sur l'anneau de 35 km voulu par la mairie de Paris après les Jeux olympiques.

"Je pense que ce n'est pas une bonne idée à court terme d'avoir cette limitation de vitesse", a-t-il expliqué sur Franceinfo.

Fin novembre, la mairie dirigée par Anne Hidalgo avait annoncé sa volonté de limiter la vitesse sur le périphérique à 50 km/h après les Jeux olympiques (26 juillet-11 août 2024), en plus de réserver une des voies au covoiturage.

Selon la mairie, cette mesure a surtout pour objectif de réduire la pollution et les nuisances sonores, notamment la nuit pour les 500.000 personnes qui vivent à proximité immédiate de cet axe, souvent dans des quartiers populaires.

- "Posture politicienne" -

La municipalité compte bien la mettre en oeuvre malgré l'opposition de Clément Beaune, a assuré jeudi le premier adjoint Emmanuel Grégoire.

"Je vous confirme que nous baisserons la vitesse", a déclaré lors d'une conférence de presse M. Grégoire, selon qui un maire a le pouvoir de prendre une telle décision quand elle se justifie par "des enjeux environnementaux".

Si le ministre "entend faire obstacle" au projet de la mairie, "qu'il nous précise comment il compte le faire", a encore dit M. Grégoire, reprochant à M. Beaune une "posture purement politicienne qui n'est fondée sur rien".

Plutôt que de défendre une "vraie mesure sociale", M. Beaune, "candidat à la mairie de Paris", préfère "tordre le bras à la Ville de Paris", a abondé Fatoumata Koné, cheffe des élus écologistes de Paris.

M. Beaune et M. Grégoire figurent parmi les candidats putatifs pour succéder à Mme Hidalgo à l'Hôtel de Ville en 2026.

Les élus de droite parisiens, par le biais de la sénatrice Agnès Evren sur X, se sont félicités "d'avoir été entendus" par le ministre des Transports. La présidente de région (LR) Valérie Pécresse avait dénoncé une décision relevant "de l'égoïsme pur" et qui "affectera en priorité les usagers qui circulent la nuit ou tôt le matin".

Le périphérique, un des principaux axes urbains d'Europe, est emprunté chaque jour par 1,2 million de véhicules, franciliens en majorité, et circulant à 80% avec pour seul occupant, leur conducteur.

- Longue liste -

Si ce nouveau bras-de-fer entre l'Hôtel de Ville et l'Etat s'inscrit dans une longue liste ces derniers mois (temps de travail des agents municipaux, déplacement des consommateurs de crack, réforme des retraites...), il renforce les tensions politiques à sept mois des Jeux olympiques de Paris que les trois pouvoirs politiquement opposés (gouvernement macroniste, région à droite et mairie à gauche) doivent mener à bien ensemble.

Fin novembre, Anne Hidalgo avait déclenché une précédente polémique en déclarant qu'"il y a des endroits où les transports ne seront pas prêts" pour les JO "parce qu'il n'y aura pas le nombre de trains et la fréquence".

Après avoir évoqué une "trahison politique", Clément Beaune a accusé jeudi Mme Hidalgo de "cracher sur notre pays en disant +on est nuls, on n'est pas prêts, on n'y arrivera pas+".

Les élus socialistes Lamia El Aaraje et Rémi Féraud, proches de la maire, lui ont réclamé "des excuses".

Autre pomme de discorde bien mûre: mardi, la mairie de Paris a demandé à Valérie Pécresse de revenir sur le quasi-doublement du prix du billet de métro décidé pour financer l'effort supplémentaire pendant les JO.

"Ce sont d'abord les Franciliens, les Français qui vont payer cette tarification exceptionnelle que rien ne justifie", a redit jeudi M. Grégoire.

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