"Boues rouges": des militants écologistes déposent de la bauxite chez Alteo

Des militants écologistes de l'association ZEA ont déposé de la bauxite mercredi à côté de l'usine Alteo de Gardanne (Bouches-du-Rhône), affirmant l'avoir prélevée sur une des "décharges sauvages" du leader mondial des alumines de spécialité, à qui ils reprochent ses rejets polluants.

Venus avec un camion-benne, les militants de ZEA, une association de protection de l'océan, ont déposé un tas de bauxite à l'arrière de l'entreprise, devant ce qui s'est en fait avéré être l'entrée d'un centre technique de la SNCF. Le tas bloquant les sorties et entrées de véhicules de ce dépôt, les militants écologistes, une petite dizaine au total, ont dû le déplacer sur le côté, armés de pelles.

"Cette opération est une réponse à la plainte pour vol de minerai de bauxite déposée contre nous par l'entreprise", a expliqué sur place Olivier Dubuquoy, le fondateur de cette ONG qui avait déposé des "boues rouges" d'Alteo devant le ministère de l'Ecologie le 12 février. L'entreprise avait quant à elle assuré qu'il s'agissait en réalité de minerai de bauxite, et non de résidus, et avait porté plainte.

Concernant la bauxite déposée mercredi, M. Dubuquoy affirme qu'elle a été prélevée "sur une des nombreuses décharges sauvages, entre dix et quinze", que l'ONG aurait détectées entre le port de Fos, où le minerai arrive par bateaux, et Gardanne: "Cet industriel dissémine sa bauxite dans des décharges sauvages, en fait nous faisons leur travail de nettoyage".

"Comme nous leur rendons leur bauxite, ils n'ont plus de raison de porter plainte contre nous, nous ne sommes pas des voleurs", a insisté Olivier Dubuquoy.

Contacté par l'AFP, Eric Duchenne, directeur industriel et développement durable d'Alteo, a récusé l'existence de telles décharges où l'entreprise déchargerait sa bauxite.

"On fait attention à notre minerai, croyez bien qu'on ne le stocke pas n'importe où", a insisté M. Duchenne, précisant qu'Alteo stocke sa bauxite à trois endroits seulement: à Fos-sur-Mer, là où elle est déchargée des bateaux, sur le site de l'usine de Gardanne, "un petit stockage de sécurité si un des deux trains quotidiens n'arrivait pas", et sur le site de Mange-Garri, "un site stratégique, en cas de rupture d'approvisionnement plus longue, grève des transports par exemple".

"Il est très improbable qu'un camion ne livre pas sa cargaison", a plaidé M. Duchenne, soulignant que la majeure partie des livraisons se font par train entre Fos et Gardanne.

L'association ZEA reproche à Alteo ses rejets, que ce soit ses "boues rouges" solides, entreposées à Mange-Garri, ou ses effluents liquides, évacués en pleine mer, au coeur du Parc national des calanques.

Concernant ces rejets liquides et notamment leur Ph et leur teneur en arsenic, fer et aluminium, Alteo avait initialement jusqu'au 31 décembre 2021 pour les mettre définitivement en conformité avec les normes environnementales. Le 20 juillet 2018 ce délai a été raccourci de deux ans, au 31 décembre 2019, par le tribunal administratif de Marseille, décision confirmée par la cour administrative d'appel le 25 janvier 2019.

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