Bond des ventes du commerce équitable en France en 2024

Thé ou café du bout du monde mais aussi haricots et yaourts français... Les ventes issues du commerce équitable ont bondi de 25% en France en 2024, tirées par la progression des produits nationaux, indique mardi le bilan annuel du collectif Commerce équitable France.

Les produits porteurs de ce logo garantissant une rémunération correcte des producteurs ont généré l'an dernier 2,65 milliards d'euros, selon le collectif, qui réunit les huit labels (Fairtrade Max Havelaar, Fair for life, Agri-Ethique...).

Ces ventes, après avoir quasiment stagné à +1,8% en 2023 dans un contexte de crise générale du pouvoir d'achat, ont profité d'une détente de l'inflation et surtout de l'essor des produits français labellisés.

Pour près de la moitié, ces produits (essentiellement alimentaires) ont été écoulés en grandes et moyennes surfaces; la part de la restauration collective augmente.

"On est reparti dans une phase de croissance importante, et les premiers signaux pour 2025 sont positifs," souligne Julie Stoll, déléguée générale de Commerce équitable France, qui voit là à la fois un effet "offre et demande".

"Plus de produits sont labellisés, et aussi ils se vendent mieux", résume-t-elle. La flambée des cours mondiaux du café et du cacao a "peu joué" sur le bilan, car elle est encore peu répercutée sur les prix finaux, estime-t-elle.

De la banane en passant par les chips bretonnes ou le pain, le commerce équitable propose désormais 15.000 références de produits, contre 3.500 en 2014.

Son objectif: sécuriser les revenus des agriculteurs tout en assurant aux marques un approvisionnement stable.

Producteurs (lait, fruits, légumes, céréales...) et transformateurs contractent, selon des principes ancrés dans la loi française : pour au moins trois ans, sur la base d'un prix plancher avec clauses de revoyure. La démarche est contrôlée par le label.

Alors que le commerce équitable a été créé il y a plus de 30 ans pour garantir les revenus des producteurs de café ou de cacao des pays du Sud, le modèle est repris par des acteurs hexagonaux.

- "Contrat social" -

En 2024 les ventes "origine France" ont crû de 65% sur un an, quand les produits tropicaux progressaient de 1%. Désormais elles représentent plus de 49% des ventes.

Agri-Ethique, premier label pour les produits français, a par exemple annoncé un tiers de produits référencés supplémentaires et des ventes à +75%. Parmi les dernières marques arrivées, les chips Brets et Labeyrie pour le canard.

Au total quelque 600 entreprises, surtout des PME, implantées en France et détentrices de marques labellisées et 12.000 agriculteurs français sont concernés.

Aujourd'hui, des marques discutent avec des producteurs français de betterave sucrière bio, alors que les ventes de sucre équitable d'origine tropicale (canne à sucre) ont crû de 42% en 2024.

La France est leader en Europe du commerce équitable "national", selon le collectif du secteur.

Pour Julie Maisonhaute, sa déléguée adjointe, ce succès est liée à une régulation unique en Europe, qui a inscrit ces principes dans deux lois en 2014 puis 2021: ce cadre "assure la sécurité requise pour inciter les acteurs économiques à participer, tout en renforçant la crédibilité du commerce équitable aux yeux des consommateurs".

Cet essor intervient aussi alors que le sujet de la rémunération est au coeur des revendications du monde agricole.

"Cette pénétration des filières françaises est une satisfaction parce que le projet du commerce équitable est de faire reconnaître l'importance de rétribuer correctement ceux qui produisent notre alimentation", souligne Julie Stoll.

"C'est une forme de contrat social renouvelé. Cela participe à la cohésion sociale, cela recrée des liens de solidarité entre ceux qui produisent, ceux qui transforment et ceux qui consomment. Et on sent que cela fait consensus dans la société", ajoute-t-elle, tout en admettant les marges de progrès (le café équitable par exemple représente environ 5% de parts de marché en France, le thé 15%).

Par ailleurs 78% des références du commerce équitable sont bio, notamment les produits exotiques. Certains labels l'exigent, d'autres pas, mais souvent la labellisation permet d'entamer la démarche, note Mme Stoll.