Biocarburants: Hulot n'a pas autorisé "de gaieté de coeur" la raffinerie de La Mède

le ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot, a affirmé jeudi qu'il n'avait pas décidé "de gaieté de coeur" d'autoriser la bioraffinerie Total de La Mède, et assuré que la France aurait "une position forte" à Bruxelles contre l'usage d'huile de palme dans les biocarburants.

"Ce n'est pas de gaieté de coeur que j'ai autorisé la raffinerie de la Mède (Bouches-du-Rhône) à rouvrir. L'avenir n'appartient pas à l'huile de palme", a-t-il dit sur Europe 1.

"On est en train de s'organiser au niveau européen pour sortir de l'huile de palme et de la déforestation importée", a-t-il poursuivi. assurant qu'il soutiendrait une "position forte" pour "à terme, qu'on sorte définitivement des agrocarburants et principalement de l'huile de palme, surtout celle faite sur le dos de la biodiversité".

Total a reçu mi-mai l'autorisation d'exploiter cette raffinerie, au grand dam des ONG, Greenpeace reprochant au ministre de "servir de caution à un projet industriel destructeur".

"On ne vit pas dans un conte de fées", a justifié le ministre dans l'émission "Circuits courts". "Il y a eu un deal, que je ne critique pas, entre l'ancien gouvernement et Total: on a demandé à Total, sous peine de fermer et de perdre 450 emplois, de transformer sa raffinerie en bio-raffinerie".

"Ma seule marge de manoeuvre a été de dire +je vous demande de réduire l'usage d'huile palme+, en ayant plus d'usage d'huiles usagées, de se mettre sur les plus hauts critères environnementaux d'approvisionnement et d'essayer d'aller petit à petit vers le déclin".

Après échanges avec le ministère, Total s'est engagé "à limiter" le recours à l'huile de palme à 300.000 T/an, soit moins de 50% des volumes traités sur le site.

Les députés européens ont voté en janvier la suppression de l'huile de palme dans les biocarburants d'ici 2021, une huile dont la production en Malaisie et en Indonésie génère la déforestation. Ce vote doit faire l'objet d'une négociation avec le Conseil européen et la Commission.

"Moi tant que ça avance je suis là", a aussi dit Nicolas Hulot, répondant à une question sur son avenir au gouvernement. Il a cité au titre des avancées le "changement de perspective sur le glyphosate, les néonicotinoïdes"...

"Une transformation sociétale (...) ça ne se fait pas en un an, les résistances sont partout... Mais on peut créer les conditions", dit-il.

Jeudi matin, M. Hulot a dévoilé 44 projets lauréats du premier budget participatif au niveau de l'Etat pour la transition écologique (3 M d'euros au total).

Projets pour sauvegarder la faune sauvage, mutualiser les toitures solaires, ou recenser les solutions "low-tech" boostant le confort de vie... "ça fait du bien de voir que l'engagement est prégnant sur notre territoire", a-t-il dit au cours d'une cérémonie à son ministère, visiblement "heureux de cette matinée".