Bassines du Marais poitevin: pas de dialogue possible sans moratoire, répètent les opposants

Bassines Non Merci et la Confédération paysanne, opposants historiques aux projets de réserves d'eau dans les Deux-Sèvres, ont salué la volonté du comité de bassin Loire-Bretagne de renouer le dialogue, mais posé comme préalable un moratoire sur les travaux en cours.

Pour sortir de la crise, trois mois après les violents affrontements de Sainte-Soline, l'instance qui regroupe usagers, élus et représentants de l'Etat a voté mardi à la quasi-unanimité une motion pour notamment "favoriser la reprise du dialogue" et aboutir à un "pacte de gouvernance territorial, pour une gestion publique transparente".

"La volonté de faire revivre un dialogue avec toutes les parties prenantes ne peut être que bénéfique pour nos territoires. Tout comme le fait de soutenir l'importance de projet de territoire pour la gestion de l'eau (PTGE) avant toutes décisions", se félicite vendredi la Confédération paysanne dans un communiqué.

Le syndicat agricole estime néanmoins que cette démarche "doit être accompagnée de l'arrêt de tous les projets de méga-bassines" et appelle à la réalisation d'une étude "sur les capacités du milieu, au regard notamment du changement climatique et de références scientifiques et techniques récentes".

Bassines Non Merci "salue" également "la démarche entamée par la mission d'écoute auprès des acteurs des bassins de la Sèvre Niortaise et du Mignon", dans un communiqué envoyé dans la nuit de jeudi à vendredi, mais exige "un arrêt immédiat des chantiers en cours" avant toute reprise du dialogue.

Une seule des 16 réserves en projet est déjà opérationnelle et les travaux à Sainte-Soline devraient permettre le remplissage d'une deuxième bassine l'hiver prochain.

"Sans cet indispensable signal préalable d'apaisement, aucune piste concrète de sortie ne nous semble envisageable", ajoute Bassines Non Merci, qui dénonce la "répression" et la "criminalisation féroces" subies par les opposants aux réserves.

Sept dirigeants associatifs ou syndicaux seront jugés en septembre pour l'organisation des rassemblements interdits à Sainte-Soline en octobre et mars derniers.

Le mois dernier, un homme a été condamné à dix mois de prison et écroué pour des violences contre des gendarmes commises lors de la manifestation de mars, qui avait fait 200 blessés parmi les manifestants, selon les organisateurs. Quatre autres hommes seront jugés pour des faits similaires fin juillet.

Une délégation du comité de bassin prévoit de rencontrer l'ensemble des acteurs du dossier et un bureau d'étude indépendant doit évaluer "les engagements pris" par les porteurs du projet dans l'accord signé en 2018 avec les services de l'État, qui prévoyait des engagements collectifs des agriculteurs irrigants en faveur de pratiques plus vertueuses.

Le comité de bassin propose désormais que ces engagements soient "individuels et collectifs" et demande une meilleure prises en compte "des conséquences du dérèglement climatique (évaporation de l'eau dans les retenues, besoin des milieux, régime des eaux...)".

Les conclusions de cette feuille de route sont attendues début décembre.