Baisse des femmes dans les filières scientifiques: trois fédérations professionnelles tirent la sonnette d'alarme

Les fédérations professionnelles des assureurs, des banques et des acteurs du numérique, ont tiré la sonnette d'alarme mercredi concernant la désaffection des mathématiques par les filles depuis la réforme du lycée et suggéré l'instauration d'un objectif de mixité dans les enseignements de spécialités du bac.

"Avec le nouveau bac, la situation s'est considérablement aggravée", a alerté la présidente de France Assureurs, Florence Lustman, à l'occasion de la présentation par les trois fédérations d'un livre blanc commun sur l'emploi qualifié.

Le risque est notamment "une pénurie d'ingénieures", a-t-elle souligné, en appelant avec la Fédération bancaire française (FBF) et Syntec à "une mobilisation générale sur le sujet". Et "s'il n'y a pas de femmes qui font des maths et vont travailler dans l'intelligence artificielle, le monde de demain (...) n'intègrera pas la vision des femmes", a ajouté Mme Lustman.

Dans le "livre blanc" présenté mercredi, il est proposé de "fixer un objectif de mixité dans les enseignements de spécialité au lycée, à décliner du niveau national au niveau académique".

Pour Laurent Giovachini, président de la fédération du numérique, la réforme du lycée menée par Jean-Michel Blanquer a produit "un effet pervers", tandis que Maya Atig, directrice générale de la FBF, a plaidé pour que le socle de connaissances en mathématiques soit "puissamment renforcé".

Tous secteurs confondus, 42,2% des emplois qualifiés sont actuellement occupés par des femmes, mais dans la filière du numérique, ce nombre tombe à 20-25%.

Depuis que des associations et instituts de recherche ont alerté fin janvier sur la chute de la part des filles qui étudient les mathématiques, plusieurs acteurs sont montés au créneau.

Jean-Michel Blanquer a lui-même reconnu dimanche "un sujet sérieux" et a suggéré d'ajouter des mathématiques au tronc commun. "Un petit pas" selon plusieurs associations de professeurs de mathématiques qui craignent cependant "un effet d'annonce".

Depuis la réforme du lycée, qui a mis fin en 2019 aux traditionnelles séries (L, ES et S), les maths sont enseignées sous forme de spécialité, en dehors du tronc commun. Elles ne sont plus obligatoires à partir de la Première et peuvent être suivies comme spécialité (qui sont au nombre de trois en Première, deux en Terminale) ou avec l'option "mathématiques complémentaires" en Terminale.

Les secteurs de l'assurance, de la banque et du numérique représentent un emploi qualifié sur quatre et 40% des recrutements en 2021.

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