La ministre de la Culture Roselyne Bachelot a demandé jeudi que soit abandonnée dans le texte de loi sur l'empreinte environnementale du numérique en discussion au parlement la remise en cause partielle de la "rémunération pour copie privée", à ses yeux "inconcevable" car préjudiciable à la culture.
"Certains voudraient que lorsque des oeuvres sont téléchargées sur un appareil reconditionné, les créateurs ne perçoivent plus de rémunération, c'est inconcevable", s'est insurgée Mme Bachelot, dans une déclaration à l'AFP.
L'ancien ministre de la Culture Jack Lang, initiateur de la loi de 1985 qui a créé ce dispositif de rémunération, est lui aussi monté au créneau, "très en colère" qu'on veuille "remettre en cause la loi qui est un des socles de notre protection des droits des auteurs et des artistes". Il a déclaré à l'AFP avoir écrit au président Emmanuel Macron pour qu'il affirme clairement l'attachement de l'exécutif à ce dispositif.
L'Assemblée doit débattre le 10 juin de l'exonération des appareils électroniques reconditionnés (principalement les téléphones) de la rémunération pour copie privée.
L'article incriminé stipule que "les équipements numériques reconditionnés ne seront pas assujettis au paiement de la rémunération pour copie privée, lorsque ces équipements ont déjà donné lieu à une telle rémunération".
"La redevance pour ce qu'on appelle les copies privées vise à rémunérer les ayants-droit, et ce que l'on sait moins, c'est que 25% des sommes collectées sert à financer 10.000 projets culturels par an", a souligné Roselyne Bachelot.
"Le reconditonné est une industrie vertueuse, en tant que citoyenne et ancienne ministre de l'écologie, j'y suis sensible, et il faut accompagner son développement", a relevé Mme Bachelot, avant d'ajouter que "la protection de l'environnement ne doit pas se faire en sacrifiant la rémunération des créateurs et le soutien à la création".
La rémunération pour la copie privée est un pilier du financement de la culture avec 270 millions d'euros recueillis chaque année (soit l'équivalent de 7% de tout le budget du ministère de la Culture), selon la SACEM (Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique).
Le secteur des produits reconditionnés explose ces dernières années jusqu'à représenter 15% des ventes de téléphones en France en 2021.