Des hydrogéologues sollicités par la préfecture du Gard dans le cadre du renouvellement de l'autorisation d'exploitation pour la production de Perrier sous l'appellation "eau minérale naturelle" par Nestlé Waters ont rendu un avis "défavorable", a-t-on appris mercredi lors de l'audition du directeur général de Nestlé Laurent Freixe au Sénat.
"Je viens de prendre connaissance de l'avis défavorable rendu par les hydrogéologues et de leurs recommandations concernant la poursuite de l'exploitation des puits pour la production d'eau minérale naturelle sur son site de Vergèze dans le Gard", a-t-il déclaré, ajoutant que "Nestlé Waters [était] en désaccord avec certaines des conclusions de ce rapport".
Le rapporteur de la commission, Alexandre Ouizille (PS), a ensuite lu un extrait du rapport qui indique que les hydrogéologues ont émis "un avis sanitaire défavorable pour une exploitation en tant qu'eau minérale naturelle".
Pour être étiquetée eau minérale naturelle, la pureté de l'eau doit être garantie à l'émergence et celle-ci ne doit pas subir de traitement qui modifie le microbisme de l'eau.
Le rapporteur s'est étonné que les dirigeantes de Nestlé Waters, Muriel Lienau, et Nestlé France, Sophie Dubois, aient assuré lors d'auditions précédentes que "toutes les eaux" de l'entreprise étaient "pures à la source".
"Les conclusions des hydrogéologues doivent être intégrées par les autorités régionales et rien n'a été encore décidé. Mais le message que je veux passer très clairement, c'est que nous souhaitons continuer à opérer dans la conformité, quel que soit le scénario", a ajouté M. Freixe.
Les hydrogéologues "donnent des perspectives ou des pistes pour améliorer la qualité de la ressource", a-t-il affirmé, précisant que Nestlé Waters n'avait pas encore eu de "discussion approfondie" à ce sujet mais que le groupe était "prêt" à prendre toutes les mesures nécessaires.
Il a également annoncé le lancement d'une "revue interne en France sur ses pratiques passées".
Les sénateurs s'étaient plusieurs fois étonnés de l'absence jusqu'alors d'enquête interne pour tenter de déterminer quand et par qui les traitements non conformes avaient été mis en place.
C'était l'audition de "la dernière chance", selon le président de la commission d'enquête Laurent Burgoa (LR), qui avait regretté le manque de coopération des autres représentants de Nestlé.
La filiale française du géant suisse fait depuis janvier l'objet d'une polémique concernant son usage, par le passé, de traitements de désinfection de ses eaux, qui ne sont pas dangereux mais interdits pour les eaux minérales, qui doivent avoir une qualité naturelle permettant de s'en passer.