Écoutez-nous, agissez, financez-nous et laissez-nous travailler: plus de 2.000 scientifiques d'une centaine de pays, réunis depuis mardi à Nice (sud-est de la France), ont présenté jeudi leurs dix recommandations pour les responsables politiques attendus au sommet de l'ONU sur l'océan la semaine prochaine.
"Le temps des discours et de l'indécision est révolu: la communauté scientifique appelle à écouter la science et à agir de manière éclairée et décisive", ont-il déclaré dans un communiqué.
Parmi leurs recommandations, ils ont appelé à passer d'une relation d'extraction à une relation de respect envers l'océan, à oeuvrer réellement pour protéger la biodiversité, à organiser un partage équitable des bénéfices des ressources génétiques de la mer, à mieux lutter contre la surpêche et l'exploitation de certaines catégories de travailleurs marins ou encore à décarboner le transport maritime.
Ils ont insisté sur la nécessité de mesures mondiales contre la pollution plastique et mis l'accent sur la nécessité d'atteindre les objectifs de réduction des gaz à effet de serre, qui représentent l'un des principaux dangers pour l'océan en causant son réchauffement, son acidification et la montée du niveau des eaux.
Les scientifiques ont rappelé que l'océan pouvait lui-même apporter des solutions, via l'exploitation de l'énergie éolienne ou des vagues, mais qu'il ne fallait pas non plus aller trop loin.
"Il y a encore des domaines où la science n'est pas établie, comme les pièges à carbone ou l'exploitation minière des grands fonds marins. Ne prenez pas de décisions tout de suite, laissez-nous continuer à chercher", a plaidé François Houllier, PDG de l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer).
Outre le temps, les scientifiques, qui représentaient un vaste panel de spécialités liées à l'océan et comptaient 170 Américains parmi eux, ont insisté sur les besoins de financement, rappelant que les sciences marines ne recevaient que 1,7% des budgets de recherche en moyenne dans le monde.
Dans le même temps, ils ont insisté pour que les responsables politiques tiennent aussi compte "de divers systèmes de valeurs, y compris les savoirs autochtones et locaux".
"Ces recommandations constituent un cadre d'action pour garantir que la science reste au coeur des efforts visant à assurer un avenir durable pour l'océan et l'humanité", ont conclu les scientifiques, alors que de nombreux dirigeants, à commencer par le président américain Donald Trump, ont choisi de s'attaquer aux recherches sur le climat, l'environnement et la santé.