Le constructeur automobile Renault, épaulé par le groupe Suez, ambitionne de faire de sa filiale dédiée à l'économie circulaire un "acteur de référence" en Europe, alors que 11 millions de véhicules arrivent en fin de vie chaque année sur le Vieux Continent.
Renault a créé en 2022 une filiale à 100% - baptisée "The future is neutral" (l'avenir est neutre) - "mise au service" de toute l'industrie automobile, des constructeurs aux équipementiers en passant par les distributeurs et même les clients particuliers.
Son but est d'"optimiser la durée de vie des voitures et des batteries déjà en circulation": outre la collecte et le traitement des véhicules et des batteries hors d'usage, l'entité propose des matières recyclées pour la production de véhicules neufs et des pièces issues de l'économie circulaire comme option alternative à des pièces neuves.
Lors d'un point de presse jeudi, Renault et Suez, groupe spécialisé dans le traitement des déchets, ont annoncé que ce dernier allait "prendre une participation de 20% dans le capital" de "The future is neutral" aux côtés de Renault qui sera désormais coactionnaire à hauteur de 80%.
L'opération va permettre à la filiale de "bénéficier d'un apport de ses deux actionnaires de 140 millions d'euros en vue d'accélérer et développer ses activités, au bénéfice de l'ensemble de l'industrie automobile européenne", précise le communiqué commun.
Renault et Suez ambitionnent ainsi de positionner "The future is neutral" comme "un acteur de référence de l'économie circulaire automobile".
L'entité a enregistré un chiffre d'affaires de "un milliard d'euros l'an dernier", a précisé le directeur général de Renault Luca de Meo lors de la conférence de presse.
"C'est une plateforme ouverte, nous voulons embarquer toute l'industrie. Notre ambition est de devenir le point d'entrée pour le recyclage de matériaux, un champion européen", a-t-il ajouté.
Parlant de l'économie circulaire comme d'une "opportunité business", le directeur général de la marque au losange a également souligné que "les consommateurs sont de plus en plus conscients qu'il faut réduire l'empreinte environnementale".
- "Réparer le plus possible" -
Renault et Suez étaient déjà partenaires depuis 2008 pour le recyclage des déchets métalliques et la valorisation des véhicules en fin de vie.
"Sécuriser les approvisionnements en matières premières secondaires est un enjeu clé des prochaines années pour le secteur automobile", qui doit "réduire sa dépendance aux matières premières vierges", estime de son côté Sabrina Soussan, PDG du groupe Suez.
"The future is neutral" vise pour 2030 le doublement de son chiffre d'affaires, soit deux milliards d'euros, a précisé le directeur général de la filiale Jean-Philippe Bahuaud à des journalistes.
Concrètement, les différents services de l'entité "prennent ce qu'il y a dans les vieilles voitures, réparent le plus possible et lorsqu'on ne peut pas réparer, font en sorte que ces matières retournent dans des voitures. Onze millions de voitures arrivent en fin de vie chaque année en Europe", résume-t-il.
Pour produire des véhicules, "les constructeurs automobiles utilisent 85% du palladium et rhodium disponibles sur la croûte terrestre", des matières se retrouvant notamment dans les pots catalytiques, détaille M. Bahuaud.
Cela pose "des problèmes de souveraineté, on n'a pas ces matières dans le sol européen et les cours de certaines matières premières sont extrêmement volatils", indique-t-il en citant en exemple le lithium.
Parallèlement à sa filiale "The future is neutral", Renault s'appuie également sur ses "renew factories", trois sites entièrement dédiés au reconditionnement de véhicules, situés à Flins (Yvelines), Séville en Espagne et Bursa en Turquie, "qui ont reconditionné plus de 50.000 véhicules d'occasion depuis 2021".