La stratégie gouvernementale sur l'autisme annoncée en avril 2018 a donné lieu à un "important travail souterrain ces derniers mois, qui ne montre pas de résultats très concrets mais qui était nécessaire", a indiqué lundi Claire Compagnon, déléguée interministérielle pour l'autisme.
La secrétaire d'Etat chargée des Personnes handicapées Sophie Cluzel et la déléguée ont dressé un premier suivi de la stratégie dotée de 344 millions d'euros sur cinq ans, à la veille de la journée mondiale de sensibilisation à l'autisme.
Concrètement, la consultation longue pour dépister l'autisme à un âge précoce est mise en oeuvre depuis le 11 février avec un tarif de 60 euros.
Les plateformes d'intervention précoce qui doivent orienter les familles vers une prise en charge adaptée vont êtres mises en place à partir de juin, à raison de 30 d'ici fin 2019. Ces plateformes vont être mobilisées avec les centres de ressources autisme (CRA) pour organiser la formation des professionnels dits de "première ligne": généralistes, pédiatres, médecins de Protection maternelle et infantile (PMI), médecins scolaires.
Les familles ne savent pas à qui s'adresser aujourd'hui faute de professionnels formés, et vont engorger les 26 CRA existants.
Le délai d'attente moyen est de 446 jours, un temps qui nuit au dépistage précoce, essentiel pour soigner les troubles de l'autisme.
Des forfaits d'intervention précoce ont été créés dans la loi de financement de la Sécurité sociale, pour les séances d'ergothérapie (1.500 euros), de psychomotricité (1.500 euros) et de psychologie (300 euros) mises en place après le bilan (140 euros), sans reste à charge pour les familles.
Le certificat garantissant la formation (140 heures) des professionnels du secteur médicosocial pour les troubles autistiques est au point et doit faire l'objet d'un arrêté "dans les prochains jours".
La stratégie prévoit aussi de renforcer les unités d'enseignement pour autistes à la maternelle (180 unités en plus des 112 existantes, dont 30 à la rentrée prochaine).
A l'école élémentaire, six unités ont ouvert à Albi, Amiens, Dieppe, Sainte-Geneviève-des-Bois, Toulouse et Vaulx-en-Velin. Dix autres ouvriront à la rentrée.
Il est également prévu de former 50 professeurs "ressources" pour la rentrée prochaine (et 50 supplémentaires en 2020).
On estime à 600.000 le nombre d'autistes adultes en France, et à 100.000 le nombre d'enfants. La stratégie entend couvrir plus largement les troubles neurodéveloppementaux (troubles de l'apprentissage et de l'attention), soit 5% des naissances et 35.000 naissances par an.