Au-delà de 45°C, le sud-est de la France écrasé de chaleur

Au terme d'une journée caniculaire record, la chaleur commençait à se dissiper légèrement en soirée dans le sud-est, mais les pompiers luttaient encore contre de nombreux départs de feu dans le Gard où le mercure a établi un nouveau record en France, à 45,9°.

"C'est une première en France depuis que l'on fait des mesures de températures (vers le début du XXe siècle, ndlr). La barre des 45°C a été franchie pour la première fois", a commenté Météo-France, comparant ce niveau à celui "que l'on atteint lors d'une journée d'août normale dans la Vallée de la Mort" en Californie.

Le record absolu a été enregistré à Gallargues-le-Montueux (Gard) avec 45,9°C à 16H00. Une heure plus tôt, dans le département, le mercure était monté à 45,1°C à Villevieille, et quelques dizaines de minutes avant, à 44,3°C à Carpentras (Vaucluse). Avant vendredi, le record de 44,1° à Saint-Christol-lès-Alès et Conqueyrac, dans le Gard, datait d'août 2003 lorsque la canicule avait fait 15.000 morts en France.

"Nous ne gérons pas une crise exceptionnelle, nous gérons un phénomène qui va se reproduire" en raison du changement climatique, a déclaré le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, qui a passé en revue à Marseille les moyens mobilisés dans tout le Sud.

Comme le redoutaient les autorités, la chaleur extrême a favorisé le départ de nombreux feux de végétation dans le Gard. De nombreux moyens aériens avaient été prépositionnés, et les sapeurs-pompiers luttaient vendredi soir contre quelque 25 feux liés à la canicule.

A 19H40, neuf habitations avaient été brûlées dans différentes localités, et l'autoroute A54 entre Nîmes et Arles (Bouches-du-Rhône) était coupée en raison d'un incendie, causant de grosses difficultés de trafic, sous une chaleur encore pesante.

Au total, près de 300 sapeurs-pompiers du Gard et 150 gendarmes étaient à pied d'oeuvre vendredi en début de soirée, et des renforts étaient attendus des départements voisins. Des moyens aériens importants étaient déployés, pour de très fréquents largages d'eau.

- "Très inquiétant" -

Dans les communes où des records ont été battus, comme à Villevieille, des vagues d'air chaud saturaient l'atmosphère vendredi après-midi. "On ne sait plus quoi faire, on ne peut pas rester dans le camping-car avec le moteur et la clim toute la journée", se désespérait Matthew Crawford, venu avec sa compagne depuis les Cornouailles: "On voulait du soleil et de la chaleur mais franchement là, c'est insupportable!".

Dans la petite cité médiévale voisine de Sommières, le thermomètre d'une pharmacie affichait dans l'après-midi 52°C au soleil. Les rues, terrasses et places, habituellement très touristiques, étaient quasi-désertes.

"C'est très inquiétant quand même", commentait Maryvonne Bret, pharmacienne à Carpentras, où un record a été enregistré à 44,3° à 13H48. "Heureusement qu'on a la climatisation, sinon on ne pourrait tout simplement pas tenir la saison...".

Météo-France avait maintenu vendredi après-midi en vigilance rouge canicule le Gard, l'Hérault, les Bouches-du-Rhône et le Vaucluse, et en vigilance orange 75 autres départements, où de nombreux records de température ont été battus, de jour comme de nuit.

Face à ces circonstances exceptionnelles, les autorités ont multiplié les messages de prudence: à Nîmes la ministre de la Santé Agnès Buzyn a visité le CHU. "Tout le monde est à risque en période de canicule", a martelé la ministre, appelant à éviter "tout effort inutile".

- 4.000 écoles fermées -

Pour le week-end, la ministre des Transports Elisabeth Borne a incité ceux qui le peuvent à "décaler leurs déplacements", après une journée au cours de laquelle 4.000 écoles étaient fermées ou prévoyaient un accueil adapté sur l'ensemble du territoire.

Sur une large partie du pays, cette canicule s'est accompagnée d'une pollution à l'ozone souvent persistante, irritante pour les plus fragiles: les Alpes-de-Haute-Provence, les Alpes-Maritimes et le Var, sont passés au niveau maximal d'alerte, comme les Bouches-du-Rhône et le Vaucluse.

A Lyon, Grenoble, dans les Alpes comme à Marseille et Paris la circulation différenciée a été mise en place pour tenter de lutter contre ce phénomène.

Avec le réchauffement climatique, les scientifiques anticipent des vagues de chaleur deux à trois fois plus nombreuses d'ici au milieu du siècle.

bur-fbe/mdm/sp

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