Attal reçoit les syndicats agricoles majoritaires dans un climat toujours tendu

Ils veulent encore "secouer le cocotier" pour voir des mesures concrètes dans leurs fermes: Gabriel Attal reçoit mardi matin les syndicats agricoles majoritaires FNSEA et Jeunes agriculteurs, à la recherche d'une difficile sortie de crise en dépit des nombreux gages déjà donnés par le gouvernement.

Les présidents de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) et des Jeunes agriculteurs (JA), Arnaud Rousseau et Arnaud Gaillot, sont arrivés à 09H30 à Matignon pour une nouvelle réunion avec le Premier ministre, a constaté une journaliste de l'AFP.

Participent également à cet échange les ministres de l'Agriculture (Marc Fesneau et sa ministre déléguée Agnès Pannier-Runacher) et de la Transition écologique (Christophe Béchu).

Arnaud Rousseau a appelé l'exécutif à "s'attaquer aux gros sujets" dans un entretien aux Echos publié mardi, réclamant notamment une accélération sur la question du stockage de l'eau et des "mesures fiscales" permettant de moderniser et de transmettre les exploitations.

Sur le stockage de l'eau, pour lequel le gouvernement a déjà annoncé des mesures de simplification, il demande à voir très vite des effets concrets: "Il faut commencer par rendre notre administration et nos procédures bien plus efficaces. Cela peut passer par des arrêtés ou du réglementaire, et donc aller vite."

M. Rousseau réclame également "une mesure fiscalement incitative qui pourrait pousser certains à transmettre plus tôt et accélérer la modernisation de notre agriculture", rappelant que "sur les 400.000 exploitations en France, au moins 150.000 sont concernées par un départ à la retraite dans les cinq à sept ans".

Il suggère de relever de 20% à 50% l'abattement dont bénéficient les agriculteurs sur la taxe sur le foncier non-bâti, ce qui "coûterait autour de 150 millions aux finances publiques" selon lui.

- "Simplification" -

Le président des JA a, de son côté, reconnu des avancées qui vont "dans le bon sens", mais déplore la lenteur du déploiement des mesures annoncées par le gouvernement.

"Quand vous êtes l'élu politique, c'est vous qui commandez vos différents ministères. Et donc il faut secouer le cocotier matin, midi et soir", a plaidé Arnaud Gaillot mardi matin sur RTL.

Le gouvernement souligne le travail déjà effectué, avec "62 engagements" pris par Gabriel Attal, déclinés au fur et à mesure, que ce soit au niveau européen avec les jachères et les prairies, ou au niveau national avec une réflexion sur les phytosanitaires, le soutien à l'élevage ou l'agriculture bio...

Outre plusieurs centaines de millions d'euros de mesures d'urgence annoncées, le gouvernement a satisfait de nombreuses demandes des syndicats agricoles, au premier rang desquelles un "choc de simplification" pour faciliter le quotidien d'exploitants croulant sous une paperasserie complexe et des normes jugées inadaptées, par exemple pour la gestion des haies.

Au coeur des discussions figure aussi le projet de loi d'orientation agricole qui sera présenté en Conseil des ministres le 29 mars.

Le mouvement de contestation s'est tassé depuis début février mais des actions sont encore menées sporadiquement. Lundi, des agriculteurs ont manifesté près de Toulouse pour protester contre un retard de versement des aides européennes; mardi matin, des adhérents de la FNSEA du Nord ont déversé de la paille devant les locaux de la Direction régionale de l'environnement et de l'aménagement (Dreal) à Gravelines et accroché une banderole clamant "Pas de transition écologique sans agriculture viable!".

Dans un climat toujours tendu, à dix jours du congrès annuel de la FNSEA, la rencontre de mardi intervient après le report d'une réunion prévue cette semaine avec le président Emmanuel Macron.

Elle devait clore la séquence de la colère paysanne et des mobilisations organisées partout en France depuis janvier - et jusqu'au Salon de l'agriculture où le président a été copieusement hué.

Arnaud Rousseau avait annoncé samedi soir le report de cette réunion prévue à l'Elysée, en expliquant que "les conditions pour sortir de la crise agricole (n'étaient) pas réunies" mais refusant de "faire porter aux syndicats cette responsabilité".

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