Assurance: la météo premier risque pour les grandes compétitions sportives

Grand prix de F1 bouleversé, plusieurs matchs de Coupe du Monde de rugby annulés: le passage de l'ouragan Hagibis au Japon confirme que la météo reste le premier risque pour les assureurs chargés de couvrir l'économie du sport, explique à l'AFP Patrick Vajda, responsable sport et événements au sein du courtier Siaci Saint Honoré.

QUESTION: comment les grandes compétitions sportives sont-elles généralement assurées?

RÉPONSE: De façon générale, il y a deux catégories de risques à couvrir. Le risque du propriétaire de l'événement, c'est-à-dire par exemple le CIO si on parle des jeux Olympiques ou la World Rugby (l'organisme international qui gère le rugby à XV, NDLR) si on parle de la Coupe du Monde de rugby. En tant que propriétaires, ils attendent un certain montant de recettes de l'événement, notamment dans le domaine marketing ou les droits de télévision.

À l'inverse, les recettes de billetterie vont généralement à ce qu'on appelle le comité local d'organisation qui compte parfois aussi sur d'autres recettes comme par exemple des sponsors locaux qui peuvent représenter énormément d'argent. Sur un cas comme celui de la Coupe du Monde de rugby au Japon, on peut évaluer que ce sont plus de 100.000 billets qui ont été vendus pour les matchs annulés. La responsabilité d'un cas de force majeure n'est imputable à personne si on annule l'événement. Mais ce cas est souvent prévu par les contrats commerciaux passés entre les organisateurs et leurs partenaires.

Certains acteurs ont par ailleurs des risques spécifiques, comme notamment une éventuelle perte d'image si l'acteur en question espérait que lors d'un événement sa marque soit visible, qu'on parle de lui, que le maillot de ses joueurs soient exposés. Certains opteront systématiquement pour une couverture, d'autre jamais.

Q : Quel est le principal risque?

R : Le fondement même d'une garantie annulation, c'est la météo. Ça peut être trop de neige ou pas assez de neige sur les sports d'hiver, ça peut être trop de vent, ça peut être un typhon, ça peut être la pluie, ça peut être des conditions dangereuses qui mettent en jeu la sécurité des athlètes et des spectateurs.

En ce qui concerne une opération comme celle des différentes coupes du monde de sports d'équipe, c'est à peu près toujours le même schéma: plusieurs matchs qui vont se dérouler sur plusieurs semaines, il y a un risque d'annulation qui est toujours pris en compte par les organisateurs.

Parmi les autres risques, il y a aussi le terrorisme et la menace de terrorisme, il y a le risque de maladies contagieuses, les risques politiques de type émeutes, mouvements populaires, mais il y en a beaucoup d'autres. La liste des risques étant très longue, comment fait-on pour penser à tout: c'est à cela que sert l'analyse des risques.

Q: Comment faire pour analyser ces risques?

R: Il y a une analyse dite de risques qu'il faut faire avant tout événement. Il faut faire non seulement une analyse financière pour savoir quel est le risque financier, une analyse sur ce qu'il faut ou au contraire ne pas couvrir et aussi une analyse sur les conditions locales.

On fait une analyste match par match, ville par ville et bien sûr pays par pays pour pouvoir dire à l'assureur et à l'assuré les risques auxquels on s'expose et comment les diminuer. Quand l'analyse de risques est bien faite, le cout des assurances peut baisser considérablement.

En termes de garantie, tous les cas de figure sont possibles et tout dépend du contrat d'assurance qui a été signé. Dans le cas de la Coupe de Monde de rugby, la problématique aujourd'hui dans laquelle sont vraisemblablement les assureurs, leurs courtiers et les deux parties, c'est-à-dire la fédération internationale de rugby et le comité local d'organisation, c'est le calcul de la perte financière.

C'est pourquoi on demande aux organisateurs en amont d'être extrêmement précis sur les chiffres. On demande aux organisateurs de conserver tous les justificatifs possibles pour ensuite faire l'analyse du sinistre et de son coût réel. Si la comptabilité est tenue et si les documents financiers et les factures sont accessibles facilement, on est capable de régler ce type de sinistre dans des délais extrêmement courts.