Le groupe d'assurance Axa a annoncé lundi qu'il allait étendre à sa nouvelle filiale XL ses résolutions climatiques et de développement durable, qui passent notamment par un désengagement du charbon, des sables bitumineux ou encore du tabac.
Cette décision se répartit en deux volets - l'un sur le front de l'assurance, l'autre sur le terrain des investissements - et devrait avoir des conséquences négatives pour les recettes du groupe ces prochaines années.
Dans le détail, l'assureur bermudien XL, racheté cette année par Axa pour 12 milliards d'euros, ne souscrira plus de contrats d'assurance liés à la construction et à l'exploitation de centrales au charbon, de mines de charbon, d'activités d'extraction de sables bitumineux et pipelines associés, ou de forages en région Arctique, a annoncé le patron du groupe Thomas Buberl à l'occasion du Climat Finance Day, colloque financier à Paris sur le thème du climat.
Cette décision implique pour l'assureur un renoncement à 100 millions d'euros de primes, répartis entre plusieurs dizaines de clients dans le monde qui auront jusqu'au 1er janvier 2020 pour trouver un autre assureur. Pour les affaires nouvelles en revanche, cette restriction s'appliquera dès le 1er janvier 2019, a précisé le groupe.
"Cela aura un léger impact sur les comptes de 2020", a précisé Jad Ariss, le directeur des affaires publiques et de la responsabilité d'entreprise du groupe, précisant que ce manque à gagner serait néanmoins "absorbable en terme de croissance de l'activité".
XL, spécialisé dans l'assurance des entreprises et très présent aux États-Unis, appliquera aussi la politique d'exclusion d'investissements d'Axa, qui consiste à ne plus réaliser de nouveaux investissements dans les activités liés au charbon, aux sables bitumineux, au tabac ou encore aux armes "controversées" et à se dessaisir progressivement de tels investissements réalisés par le passé.
Au total, cela représente pour XL un montant de 660 millions d'euros de désinvestissements, dont la mise en oeuvre débutera dès 2019.
Cette annonce vient prolonger les engagements d'Axa pris en 2015 dans le cadre de la lutte contre le changement climatique et dans le sillage de l'accord de Paris de la COP21.
L'an passé, l'assureur avait revu à la hausse ses objectifs et prévoit désormais de désinvestir - hors périmètre de XL - presque 2,5 milliards d'euros dans le secteur du charbon et 700 millions d'euros dans celui des sables bitumineux.
"Ce programme est presque intégralement réalisé du côté des actions" tandis que pour les obligations, "nous les détenons jusqu'à leur terme et nous ne les réinvestissons pas dans la même entreprise", précisé M. Ariss.
Axa affirme par ailleurs être bien engagé dans son programme d'investissements verts (obligations, immobilier et infrastructures) de 12 milliards d'euros pour l'horizon 2020 : "Nous sommes déjà au-dessus de 10 milliards", a déclaré M. Ariss.
De son côté, l'association écologiste Les Amis de la Terre a salué les décisions d'Axa, tout en regrettant l'ampleur encore trop limitée des initiatives prises par l'assureur en la matière.
"Nous espérons que ce choix de la cohérence inspirera les assureurs nord-américains absents sur la question du climat et des énergies fossiles", souligne l'association dans un communiqué publié sur son site internet.
"Mais nous regrettons qu'Axa ne se soit pas saisi de cette opportunité pour se remettre au niveau de ses pairs européens et annoncer comme en 2015 et 2017 (...)", le groupe s'étant "depuis fait voler la première place par ses concurrents européens", pointe l'association, qui appelle l'assureur à être plus ambitieux.
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