Un "esprit civique" a soufflé pendant la pandémie mais les nouveaux bénévoles associatifs ont "des attentes de reconnaissance", estime le sociologue Roger Sue du Centre d'étude et de recherche sur le lien social (Cerlis/CNRS).
Question: Quel est l'état de l'activité associative ?
Réponse: "Il y a une érosion du bénévolat à l'intérieur des associations, du bénévolat encarté en quelque sorte, alors que ce n'est pas vrai du bénévolat hors associations, plus informel, avec des gens qui se regroupent sans se déclarer forcément en préfecture.
La pandémie a montré qu'il ne faut pas nécessairement beaucoup de choses pour déclencher le passage à l'acte bénévole. Il y a un esprit civique qui a soufflé pour parer au plus pressé, pour aider les plus démunis, pour donner de l'information, pour fabriquer des masques...
Q: Y a-t-il un nouveau profil des bénévoles ?
R: "Les jeunes ont des aspirations que les anciens n'avaient pas. Les relations un peu bureaucratiques, les astreintes, les formes hiérarchiques des associations ne sont pas toujours très adaptées à ce public-là.
En même temps, ce public jeune a des attentes de reconnaissance. Aujourd'hui, s'engager dans une association pour des jeunes c'est s'engager dans une trajectoire qui va leur servir pas seulement socialement mais aussi professionnellement. C'est le fameux cercle décrit par le sociologue Marcel Mauss +Donner, recevoir, rendre+.
Dans les associations, on acquiert des compétences qu'on ne trouve nulle part ailleurs. Il y a une plus-value associative, qui est d'ailleurs très prisée par les DRH".
Q: Comment conforter l'activité associative ?
R: "Il faut des incitations en direction des bénévoles et aller beaucoup plus loin dans une politique du volontariat. Ouvrir le volontariat serait un ferment d'unité. Les associations apparaissent toujours un peu secondaires, supplétives. On a parlé de +tiers secteur+. Il faudrait leur redonner leurs lettres de noblesse. Elles sont le coeur du républicanisme, le coeur de la démocratie au quotidien.
Il existe un compte d'engagement citoyen (CEC) inclus dans le compte personnel d'activité (CPA). Il recense les activités bénévoles et permet d'acquérir des droits à formation. Il pourrait être développé et accorder des droits sociaux supplémentaires (comme des points de retraite...). Ce serait une manière de reconnaître et d'inciter les bénévoles.