Des salariés d'ArcelorMittal de toute la France, sont attendus mardi en région parisienne, pour mettre la pression sur la direction française du sidérurgiste, qui envisage de supprimer plus de 600 postes et entame les discussions sur les contours de ce plan social, que la CGT souhaite "stopper".
Gaétan Lecocq, de la CGT d'ArcelorMittal Dunkerque, site le plus menacé, avait appelé dans les cortèges du 1er-Mai à profiter du CSE central convoqué mardi, premier round de négociations, pour mobiliser contre un "tsunami industriel, social" à venir.
"On refuse totalement ce PSE", a-t-il déclaré à l'AFP, souhaitant "tout faire pour stopper le processus", alors que des salariés sont attendus en provenance de Dunkerque (Nord), mais aussi Florange (Moselle), Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), Basse-Indre (Loire Atlantique) ou Luxembourg.
Le sort des métallos mobilise dans la classe politique, de la gauche qui réclame, comme la CGT, une nationalisation des hauts fourneaux français, à l'ancien ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, qui a estimé qu'il fallait "tout" faire pour sauver ArcelorMittal à Dunkerque, sans exclure une nationalisation "temporaire" et "de dernier recours" si l'entreprise ne remplissait pas ses obligations.
Au coeur du maintien d'une industrie sidérurgique en France, la poursuite ou non des projets de décarbonation du groupe. Fin 2024, ArcelorMittal a suspendu sa décision finale d'investissement -à hauteur de 1,8 milliard d'euros dont plus de 800 millions d'aide promise par l'Etat - pour décarboner les haut fourneaux de Dunkerque, en arguant de la non compétitivité de l'acier produit en Europe.
Après de meilleurs résultats que prévu au premier trimestre, Arcelor Mittal a fait pression sur la Commission européenne, demandant une application "rapide" du plan européen pour l'acier pour regagner en compétitivité, avant d'annoncer s'il investit ou non.
Lors d'une réunion avec les représentants des salariés et les élus, mardi dernier, le ministre de l'Industrie a aussi fait part de son intention de "demander à la Commision européenne d'avancer pour rétablir les conditions économiques acceptables pour la production d'acier en Europe", selon le ministère.
Mais les investissements massifs dans la décarbonation de l'acier en France sont déjà enterrés, estime Gaëtan Lecocq, pour qui les dirigeants "ne la feront pas": "il y avait cinq emplois qui étaient dédiés à la nouvelle ligne haute tension entre la centrale nucléaire de Gravelines et notre usine à Dunkerque", pour préparer le raccordement d'un futur four électrique, et "ces cinq emplois sont supprimés" affirme-t-il.
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