Le président d'ArcelorMittal France a dédouané mardi Emmanuel Macron et les pouvoirs publics français, qui n'avaient pas été informés en avance du plan social lancé par le sidérurgiste en France, devant une commission d'enquête sur les "défaillances des pouvoirs publics face aux plans de licenciements".
ArcelorMittal, qui a annoncé le 23 avril un plan prévoyant la suppression de 636 postes en France, n'en a pas informé le président de la République "mi-mars", lors d'un rendez-vous à l'Elysée entre la direction française du deuxième sidérurgiste mondial et le chef de l'Etat, a assuré Alain Le Grix de la Salle, président d'ArcelorMittal France devant les députés.
"Lorsque je suis allé à l'Élysée mi-mars, je n'avais pas connaissance d'un plan finalisé ou quoi que ce soit concernant Dunkerque", principal site français du groupe, a indiqué M. Le Grix de la Salle. Donc il "n'a pas été abordé" puisque "je n'en n'avais pas connaissance", a-t-il réaffirmé.
Selon lui, le plan de suppression d'emplois a été demandé par la direction générale du groupe "pour corriger la situation" après une "détérioration drastique des résultats d'ArcelorMittal France Nord au quatrième trimestre 2024 et au premier trimestre 2025".
"Et lorsqu'il y a eu cet échange avec le président de la République, on ne parlait pas de sujets opérationnels français, on parlait du rôle de la France auprès de la Commission européenne", a précisé le dirigeant.
Selon lui, ce plan est justifié par la forte chute du marché de l'acier en France et en Europe. "Le fait de devoir adapter nos outils pour rester compétitifs est essentiel, sinon c'est tout l'édifice qui tombe", a-t-il lancé.
"La France n'est pas une zone en forte croissance comme d'autres grandes zones, donc quand vous avez vos carnets (de commandes, NDLR) qui chutent, vous prenez des mesures" pour "s'adapter et rester compétitifs".
Interrogé par les députés, il a justifié le versement de dividendes aux actionnaires du groupe malgré les projets de réduction des effectifs.
"Entre 2009 et 2020, nos actionnaires ont procédé à des augmentations de capital de 13 milliards de dollars pour soutenir le groupe", a fait valoir la directrice financière Audrey Gies, également présente devant les députés.
- "Résultats en négatif" -
M. Le Grix de la Salle a néanmoins admis la véracité des arguments déployés par la CGT sur la baisse des investissements de maintenance en France.
"C'est réel", a-t-il dit: "pour investir en maintenance, il faut avoir des résultats", or les résultats de la France "sont en négatif". Mais "cela ne veut pas dire" que le groupe "va fermer demain" ses sites français.
Selon lui, le projet de suppression de 636 postes en France, en discussion avec les organisations syndicales, se traduira par le départ de quelque "380 personnes" au total, dont "154" à Dunkerque, où sont situés les plus grands haut fourneaux d'Europe.
Le responsable a cherché aussi à rassurer sur la présence dans la durée d'ArcelorMittal dans l'Hexagone en évoquant le lancement d'un plan de décarbonation. Mais une partie des investissements prévus portant sur l'installation d'équipements de réduction du minerai de fer (DRI) ne pourront être annoncés d'ici la fin de l'année, en raison des "prix du gaz" trop élevés en Europe, a-t-il reconnu.
"D'ici la fin de l'année", une fois que la Commission européenne aura fait avancer ses mesures destinées à protéger le marché de l'acier, le groupe dit néanmoins avoir "bon espoir" de communiquer sur ses plans de décarbonation en Europe, et notamment à Dunkerque et à Fos-sur-Mer, ses deux principales bases en France.
Le contrat avec l'Ademe qui avait accordé 850 millions d'euros d'aide publique dans le cadre du plan de décarbonation suspendu fin novembre, devra donc être rediscuté, et étendu jusqu'à la fin 2025.
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