Héritage promis des Jeux olympiques, la baignade dans la Seine va s'ouvrir au public cet été à Paris après un siècle d'interdiction, ainsi que dans la Marne, dans sept sites surveillés avec, assurent les autorités, une eau dépolluée.
Rendez-vous le 5 juillet au matin sur les rives du bras Marie face à l'île Saint-Louis, là où la maire de la capitale Anne Hidalgo avait plongé un an plus tôt avec Tony Estanguet, le patron du comité d'organisation des JO, devant les caméras du monde entier.
Une séquence historique au bout d'un siècle d'interdiction et la promesse jamais tenue de l'édile de Paris et futur président Jacques Chirac en 1988.
"C'était un moment extraordinaire mais la baignade pour les Jeux n'était pas une fin en soi. Rendre la Seine baignable, c'est répondre d'abord à un objectif d'adaptation au changement climatique mais aussi de qualité de vie", a expliqué Anne Hidalgo mercredi lors d'une conférence de presse.
Outre le site du bras Marie, le public pourra piquer une tête gratuitement au bras de Grenelle (ouest) en face de l'île aux Cygnes, non loin de la tour Eiffel, et à Bercy, à l'est.
Les baignades seront encadrées et surveillées, a précisé Pierre Rabadan, adjoint à la maire de Paris chargé des sports. Avec une capacité d'accueil de 150 à 300 personnes en simultané.
"On a voulu des infrastructures légères pour éprouver la nage en eau libre, parce que les gens n'ont pas envie de se retrouver dans une piscine", a commenté Anne Hidalgo.
- Le préfet "optimiste" -
"Il n'y a pas de requin en vue, peut-être quelques silures qui ne sont pas bien méchantes", a plaisanté l'édile socialiste.
Le site de Grenelle sera le plus propice aux familles car il disposera d'un fond, contrairement aux deux autres où la Seine fait trois à quatre mètres de profondeur. Toilettes, douches, vestiaires seront à disposition, ainsi qu'une petite base nautique pour faire du kayak, à Grenelle. Le bras Marie bénéficiera lui de la proximité de Paris Plages.
Des drapeaux - verts, jaunes et rouges - permettront de connaître le débit de la Seine et la qualité de l'eau, rendue impropre à la baignade par les pluies et orages estivaux pendant une partie des JO.
Le préfet de la région Ile-de-France et de Paris, Marc Guillaume, s'est néanmoins montré "encore plus optimiste" que l'été dernier sur la qualité de l'eau de la Seine et de la Marne, au vu des travaux de dépollution, pour lesquels l'Etat et les collectivités ont injecté 1,4 milliard d'euros.
"Depuis cet été, 2.000 nouveaux branchements (aux réseaux d'assainissement, NDLR) ont été opérés. On a dépollué la Seine à 80% de ce qui était attendu. Pour les JO, il fallait en dépolluer les deux tiers afin d'atteindre les niveaux de normes de bactéries compatibles avec la baignade", a expliqué le préfet.
Des contrôles seront effectués quotidiennement par l'Agence régionale de santé (ARS) et, en cas d'incidents pluvieux, la baignade pourra être suspendue, "comme à la plage", a fait valoir Anne Hidalgo.
- "Efforts" des bateliers -
Après des négociations avec les bateliers concernant le bras Marie, point névralgique de la circulation fluviale, mairie et préfecture ont accepté de restreindre la baignade au matin - sauf le dimanche.
Et d'autres sites alternatifs "pérennes" sont à l'étude pour l'été 2026.
"On a trouvé un point d'équilibre", a réagi auprès de l'AFP Olivier Jamey, président de la Communauté portuaire de Paris qui regroupe 130 entreprises.
Pour des raisons de sécurité, les bateaux de croisière ne pourront pas circuler dans le bras Marie pendant les horaires de baignade comme ils le font habituellement. Ils devront naviguer dans le bras principal, de l'autre côté de l'île Saint-Louis, essentiellement dédié au fret et moins fluide.
Le système de circulation alternée sera adapté pour éviter trop d'encombrements, a détaillé Olivier Jamey, estimant que les navigants consentaient à "des efforts importants".
Les Franciliens pourront aussi faire un plouf dans la Marne, où la baignade est interdite depuis 1970. Quatre sites ouvriront dès la fin juin dans le Val-de-Marne, dont celui historique de la plage du Banc de sable de Joinville-le-Pont, haut lieu des guinguettes.