Un peu plus d'une semaine après l'arrêt du chantier de l'A69 décidé par le tribunal administratif de Toulouse, les partisans de l'autoroute comptent faire entendre leur voix samedi matin lors d'un rassemblement à Castres, dans le Tarn.
"On veut faire passer le message qu'il faut arrêter les bêtises, que le bon sens doit l'emporter, lou Biaïs comme on dit en occitan", a expliqué à l'AFP Guy Bousquet, président de l'association pro-autoroute Via81 et l'un des organisateurs de la manifestation, qui espère une reprise rapide des travaux.
Le gouvernement va faire appel "dans les jours qui viennent" contre l'annulation de l'autorisation environnementale du chantier et demander un "sursis à exécution", selon le ministre des Transports Philippe Tabarot. Cette procédure permettrait de suspendre les effets du jugement - et donc de reprendre les travaux - dans l'attente de l'audience d'appel.
"A69 on finit!", lance sur sa page Facebook Jean-Luc Alibert, maire de Soual, petite commune du Tarn sur laquelle doit passer l'autoroute qui appelle "élus, entreprises, citoyens" à venir montrer que "nous voulons avancer".
"Personne ne comprendrait, en France comme ailleurs, qu'alors que 70% du chantier est terminé, tout soit stoppé, nous laissant une balafre aux conséquences incommensurables", dit-il sur sa page.
Samedi aux alentours de 10h30, les pro-A69 attendent la venue à Castres de "plusieurs milliers de personnes", selon M. Bousquet dont une "cinquantaine d'écharpes tricolores", c'est-à-dire, dit-il, la majorité des élus du territoire "hormis La France Insoumise": députés nationaux et européens, sénateurs, représentants des communautés de communes ou du département du Tarn.
- Messages et témoignages -
Seront ainsi notamment présents les maires de Castres, Pascal Bugis (UMP), et de Mazamet, Olivier Fabre (DVD), ces deux villes du sud du Tarn pour lesquelles l'A69 doit être, selon ses promoteurs, accélérateur de développement, tout comme leur homologue d'Albi, Stéphanie Guiraud-Chaumeil (Horizons), venue de la préfecture du département, plus au sud.
Acteur économique majeur du territoire et soutien de longue date du projet autoroutier, le groupe pharmaceutique Pierre-Fabre sera représenté: son président, Pierre-Yves Revol, "devrait être présent samedi", a ainsi indiqué son cabinet à l'AFP.
Enfin, premier concerné par le jugement du tribunal administratif, le constructeur Atosca, concessionnaire désigné de l'A69 qui assurait le pilotage des travaux, prendra également part au rassemblement, selon une porte-parole qui évoque la présence de son directeur général, Martial Gerlinger.
"Depuis la décision du tribunal administratif, nous recevons un nombre très important de messages, de témoignages, de la part de riverains et d'habitants de la région qui s'inquiètent du risque qui pèse actuellement sur une autoroute déjà bien avancée", a expliqué Atosca, dans un communiqué à l'AFP.
Le gouvernement ne sera quant à lui pas représenté samedi mais, selon le ministère des Transports, le ministre Philippe Tabarot "se rendra prochainement" en Haute-Garonne et dans le Tarn "pour rappeler son soutien au projet".
- "Situation inédite" -
Le 27 février, la justice administrative s'est pour la première fois prononcée sur le fond du dossier, annulant l'autorisation environnementale du chantier, une première pour une autoroute de cette envergure en France, qui devait entrer en service fin 2025.
Convaincu que cette autoroute qui devait relier Toulouse à Castres, est "indispensable pour désenclaver le Tarn", argument contesté par les opposants et que le tribunal a remis en question, le ministre a estimé, sur Sud Radio, que "c'est la crédibilité de l'État qui se joue aussi si demain ce chantier est arrêté".
Sur le terrain, "la sécurisation du chantier (...) est la priorité d'Atosca", a fait savoir ce dernier dans son communiqué.
"Nous procédons en ce moment à l'évacuation des matériels, au nettoyage des sites de travaux et à la fermeture des accès de chantier", a détaillé l'entreprise.
"Considérant que la décision d'annuler l'autorisation environnementale de l'opération fait qu'aucune activité de travaux ne peut plus être engagée sur le terrain, Atosca, en collaboration avec les services de l'État, travaille à définir la liste et les moyens permettant d'engager d'éventuels travaux de sécurisation et éviter tout risque induit par cette situation inédite", a-t-elle encore indiqué.