Après la Zambie, "nous avons une méthode" pour restructurer les dettes, dit la patronne du FMI à l'AFP

La restructuration de la dette zambienne, annoncée jeudi, fournit "une méthode" pour les futures négociations dans d'autres pays pauvres, affirme la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, dans un entretien avec l'AFP.

"J'ai hâte de codifier le cas de la Zambie et de l'utiliser ensuite comme un modèle pour d'autres", s'est réjouie la directrice générale de l'institution de Washington, rencontrée à l'issue d'un sommet international à Paris visant à chercher des financements pour la transition climatique des pays vulnérables.

En marge de ce sommet à l'initiative du président Emmanuel Macron, les pays créanciers de cet Etat d'Afrique australe, notamment la Chine, ont accepté de restructurer 6,3 milliards de dollars de dette, plus de deux ans après son défaut de paiement.

"Nous avons maintenant une méthode", a estimé Mme Georgieva, au moment où les créanciers occidentaux et plusieurs partenaires dont la Chine, réunis dans un "cadre commun" sous l'égide du G20, négocient avec le Ghana et l'Ethiopie.

L'annonce d'une restructuration de la dette zambienne est symbolique car ce pays avait été en 2020 le premier en Afrique à faire défaut dans le sillage de la pandémie de Covid-19 et comptait la Chine parmi ses principaux créanciers. Les négociations ont été longues notamment à cause de divergences entre les créanciers occidentaux et chinois.

- "Plus facile" pour le Tchad -

La restructuration de la dette zambienne annoncée jeudi porte sur les prêts bilatéraux, consentis par des Etats. Ils sont de 6,3 milliards de dollars, dont 4,1 milliards pour la Chine, ce qui a participé à rendre la négociation "difficile" selon une source gouvernementale française.

"C'était un peu plus facile dans le cas du Tchad", le premier pays à avoir obtenu une restructuration en novembre dernier, a reconnu Mme Georgieva.

Plusieurs leçons ont pu être tirées de cette expérience zambienne, a poursuivi la dirigeante du FMI.

"Fournir des informations aux créanciers pour qu'ils avancent dans leurs discussions, nous reconnaissons que nous devons le faire et nous allons le faire", a-t-elle détaillé, en reconnaissant que jusqu'à présent l'institution craignait de violer sa politique de confidentialité sur la soutenabilité de la dette des pays fragiles.

L'autre leçon est, selon elle, la nécessité d'adapter les programmes de restructuration aux bonnes ou aux mauvaises nouvelles économiques qui surviennent durant la négociation: "si un pays s'en sort vraiment bien, alors il y aura des ajustements sur l'accord de restructuration", a-t-elle dit.

"Le troisième élément pour lequel le cas zambien aide est d'examiner l'importance ou non d'impliquer de la dette intérieure dans la restructuration, une question centrale dans de nombreux cas", a encore affirmé la dirigeante.

La manière dont la négociation a été menée pour la Zambie, "ce sont les étapes que nous devons suivre" dans le cadre de prochaines restructurations, a-t-elle résumé.