A Angers, une salle de cours pour redonner le goût des sciences

Après une phase d'expérimentation, un collège d'Angers accueille la première "Newton Room" permanente: une salle de 120m2 visant à redonner le goût des sciences, grâce à une méthode d'apprentissage "immersive et concrète" développée en Norvège.

En chaussettes et blouses blanches, Ange, 12 ans, et Ethan, 11 ans, font un combat avec leurs robots à l'aide d'un ipad qu'ils doivent programmer.

La méthode Newton propose des exercices à effectuer en groupe, loin d'un cours de maths ou de physique traditionnels, comme calculer la distance parcourue par un robot en fonction du nombre de tours de roues ou faire rouler le plus loin possible une voiture miniature que les élèves ont construite eux-mêmes.

"En primaire, je n'aimais pas trop les maths", confie Ethan, en classe de 6ème. "Pour moi, on se faisait juste mal aux doigts à écrire des chiffres, mais, là, j'ai l'impression de jouer", affirme-t-il, sans quitter des yeux sa tablette.

Derrière lui, Charlotte, 12 ans, rêve d'être médecin et glisse sur le ton de la confession qu'elle "aime bien les maths". Ses camarades sourient: "C'est la deuxième de la classe".

Ici, "j'ai l'impression d'apprendre des trucs qui seront vraiment utiles", souligne Charlotte. "Car parfois, en cours de maths, on ne sait pas trop à quoi ça va servir."

Déjà adopté en Allemagne, Pologne et Belgique et testé pendant un an dans plusieurs villes françaises, ce dispositif vient d'être pérennisé au collège Félix Landreau d'Angers.

- Apprendre en étant acteur -

Le directeur du collège, Jean Lenoir, est ravi des retours de ce projet accueilli les bras ouverts en avril 2021. "Ce qu'on a constaté, c'est qu'un élève apprend mieux quand il est acteur, tout comme un adulte!" s'exclame-t-il.

Pour lui, c'est une victoire: "+Les maths, ça ne sert à rien+, on l'entend tous les jours! Mais, là, les élèves me disent qu'ils n'ont pas envie de partir après avoir passé cinq heures dans la Newton Room."

Une victoire d'autant plus importante que le niveau en maths des Français est régulièrement pointé par des études internationales. En 2020, une étude TIMSS avait placé la France en queue de peloton de l'Union Européenne et à l'avant dernière place à l'échelle internationale pour les mathématiques en CM1.

Stanislas Gabrovsek, lunettes rondes et blouse blanche, encadre à mi-temps les élèves dans la salle Newton. Ancien ingénieur au Ministère de la Défense, il est professeur de technologie depuis 10 ans et ressentait une certaine lassitude à enseigner.

Une lassitude partagée, selon lui, par les élèves: "J'avais déjà un peu fait le tour des séances classiques d'une heure."

Pour lui, "ce projet est une manière alternative et plus performante d'apprendre" qui répond à un désintérêt croissant pour les sciences que cet enseignant de 57 ans dit avoir constaté alors qu'il travaillait au lycée.

"J'ai vu les effectifs des classes STI (sciences et technologies industrielles, ndlr) baisser d'année en année, avec de moins en moins de filles", assure-t-il.

- Manque de main d'oeuvre-

Un constat que partage Jean-Marc Fron, le directeur général de Boeing France, qui finance ce projet paneuropéen sur cinq ans à hauteur de cinq millions d'euros.

"C'est un investissement à moyen terme car on doit s'assurer que des jeunes continuent à vouloir travailler pour nous", affirme M. Fron, qui dit constater un manque de main d'oeuvre, notamment féminine.

Avec ce projet, il s'agit, selon lui, de "lever les freins des jeunes filles à faire des sciences et à entrer dans l'aéronautique".

"Il y a une pénurie générale dans l'industrie, des groupes comme Amazon ou SpaceX ont siphonné nos potentielles recrues, aujourd'hui, on ne pense plus forcément à travailler chez Boeing", regrette M. Fron.

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