Amiante à l'école: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, affirmant avoir été exposées à l'amiante dans des établissements scolaires des Bouches-du-Rhône, ont déposé mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier qui concerne 12 établissements scolaires, écoles, collèges et un lycée, la plupart à Marseille.

Ils se sont rassemblés sur les marches du tribunal en début d'après-midi mercredi, sous des pancartes: "A l'école, on prépare son avenir, pas un cancer", ou encore "amiante à l'école, tous concernés, sauf nos élus", avant de déposer leur plainte auprès du pôle santé du tribunal judiciaire, a constaté une journaliste de l'AFP.

Parmi eux, Nathalie Laclau, professeure des écoles retraitée, est à l'origine de la lutte. Elle a entamé le combat contre l'amiante en 2019, quand une de ses collègues a souffert de lésions de la plèvre. Cette dernière est décédée quinze jours seulement après avoir obtenu la reconnaissance de sa maladie comme maladie professionnelle, selon Mme Laclau.

"On s'est battu des années pour avoir le DTA (diagnostic technique amiante, nldr), un document pourtant obligatoire, auprès de la mairie", a-t-elle raconté à l'AFP, "maintenant ça suffit, on porte plainte aussi pour les écoles de la France entière".

Le manque d'information, au coeur de ce dossier, fait que "la dizaine de victimes gravement malades ou décédées qu'on a relevée ces dernières années sur le département ne sont que le tout petit côté de l'iceberg", ajoute l'enseignante.

Elle prend l'exemple d'une enseignante du Var atteinte d'un mésothéliome (un type de cancer directement lié à l'exposition à l'amiante), qui ne pensait pas avoir été exposée au matériau en étant professeur.

"Les DTA sont parfois inexistants, parfois incomplets", déplore aussi l'avocate Julie Andreu, qui représente les plaignants, dénonçant ce manque d'information dangereux pour la santé des personnels scolaires comme des élèves, donnant l'exemple d'enfants de maternelle qui ont "fait la sieste dans une salle dont le plafond est amianté et dégradé" plusieurs mois durant.

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

Le collectif Stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations de plaignants, dénonce "de nombreuses défaillances" et une "incompétence" sur ce sujet, notamment au sein de l'Education nationale.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d'ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l'amiante aient lieu, auxquels s'ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome.