Amiante : des cancers de la plèvre "toujours plus nombreux" (rapport)

Les cancers de la plèvre, marque d'une exposition à l'amiante, "sont toujours plus nombreux", selon un rapport de l'agence sanitaire Santé publique France (SpF) qui estime qu'"aujourd'hui 1.100 nouveaux cas surviennent chaque année en France".

22 ans après son interdiction, ce matériau largement utilisé pour ses performances isolantes et anti-feu reste et restera pendant des décennies encore un "sujet majeur de santé publique, de santé au travail et de santé environnementale", souligne SpF dans son rapport sur "20 années de surveillance (1998-2017)" de cette forme de cancer, appelée mésothéliome pleural.

L'agence sanitaire juge donc nécessaire de renforcer l'information et la prévention.

Les cancers de l'amiante (du poumon, de la plèvre...) apparaissant jusqu'à 30 à 40 ans après l'exposition, le nombre de mésothéliome pleural continue à augmenter en France. "Cette augmentation est encore plus marquée chez les femmes, avec un doublement du nombre de nouveaux cas annuels depuis 1998, pour atteindre 310 cas par an", relève SpF.

Les disparités régionales sont très fortes avec une incidence (nouveaux cas, ndlr) particulièrement élevée dans les régions du nord, nord-ouest (Hauts?de?France et Normandie) et du sud-est (PACA).

Plus de neuf hommes sur dix touchés par ce cancer ont été exposés professionnellement à l'amiante. Une femme sur trois a été exposée en dehors de son travail (principalement par l'intermédiaire d'un conjoint ou d'un proche exposé dans son métier, mais aussi via des matériaux domestiques ou des environs...).

Pour une femme sur quatre aucune source n'a été trouvée.

Le BTP est particulièrement concerné : la proportion des personnes atteintes de mésothéliome ayant travaillé dans ce secteur est "en augmentation constante depuis 1998 pour atteindre 50% en 2016".

Depuis l'interdiction de l'amiante, le 1er janvier 1997, le risque s'est déplacé des métiers "d'utilisation et de transformation de l'amiante" vers les métiers "d'intervention sur des matériaux contenant de l'amiante" (BTP, désamiantage).

Autres secteurs très touchés pour les hommes : la réparation navale, la construction de matériel ferroviaire roulant, l'installation d'eau et de gaz.

Le rapport estime par extrapolation qu'"environ 60 cas par an de mésothéliome auraient exercé un emploi dans l'enseignement, dont 20 auraient été exposés professionnellement à l'amiante dans ce secteur".

Santé publique France "insiste sur l'importance d'appliquer les plans de retraits d'amiante afin de supprimer l'exposition dans les établissements publics".

Le rapport, qui s'appuie sur le Programme national de surveillance des mésothéliomes pleuraux (PNSM), mis en place en 1998, constate un "recours insuffisant" des victimes aux dispositifs d'indemnisation (maladies professionnelles et, depuis 2002, Fonds d'indemnisation des victimes de l'amiante/Fiva) : "Entre 2005 et 2017, plus d'une personne sur quatre atteinte de mésothéliome et affiliée au régime général de Sécurité sociale n'avait entrepris aucune démarche de reconnaissance en maladie professionnelle, ni n'avait sollicité le Fiva."

Le PNSM semble avoir amélioré les recours à ces dispositifs sur la période 2008-2016.

Le pronostic du mésothéliome reste sombre, malgré les promesses de l'immunothérapie, déplore l'Andeva, association de défense des victimes. "Financer la rechercher sur cette terrible maladie" et "l'éradication systématique de l'amiante, en priorité dans les bâtiments recevant du public et notamment des écoles" figurent parmi ses revendications.