Alsace: les industries alimentaires réclament de nouvelles hausses de prix

L'Association régionale des industries alimentaires (Aria) d'Alsace a réclamé mardi une "prise de conscience collective" des difficultés des entreprises du secteur face à l'envolée des prix de l'énergie, exprimant le besoin d'"augmenter les prix" des produits pour rétablir les marges.

"On a une inflation en France à 8,4% sur les produits alimentaires, c'est très en dessous de l'Allemagne, à 15,8%, ou de l'Espagne, à 13,8%. Ca veut dire que la filière agro-alimentaire (française) a absorbé les surcoûts. Aujourd'hui ce n'est plus possible", a plaidé au cours d'une conférence de presse à Strasbourg Sébastien Muller, le président de l'Aria Alsace, qui fédère 250 entreprises et près de 50.000 salariés.

"Aujourd'hui, on a besoin d'une prise de conscience rapide et d'un retour au juste prix pour que nos industries continuent à tourner", a-t-il complété, défendant une hausse des tarifs des produits alimentaires.

Sébastien Muller, également président de la Maison Le Pic, une PME familiale productrice de choucroute alsacienne (2,2 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2021), a fait part de hausses "de 57% des prix de l'énergie" en moyenne pour les entreprises du secteur en 2022, "de 29% du coût des matières premières agricoles et 26% du coût des emballages".

"Ce sont des augmentations importantes pour un secteur d'activité où les marges sont traditionnellement serrées", a-t-il conclu.

"Les acteurs de la grande distribution doivent entendre les difficultés que nous rencontrons, et nous permettre de procéder à des hausses de prix", a plaidé Edouard Haag, le président de la brasserie Meteor (33,4 millions d'euros de CA en 2020).

"Si nous ne pouvons pas répercuter ces hausses, nos entreprises ne sont plus pérennes, et c'est ce tissu industriel qui va en pâtir".

L'Aria a également appelé le gouvernement à revoir son dispositif d'aides aux entreprises énergo-intensives, en n'attribuant plus ces aides selon les dépenses énergétiques de l'année 2021, mais selon celles de 2022.

"Il ne faut pas punir les bons élèves, ceux qui ont fait des efforts" tôt, a réclamé Nicolas Schulé, le président des Cafés Sati (41,3 millions d'euros de CA en 2021).

Pour l'Aria, calculer les aides en fonction des dépenses énergétiques de 2021 revient à subventionner les entreprises qui n'avaient pas cherché à optimiser leur consommation énergétique avant l'envolée des cours du gaz et de l'électricité observée en 2022, notamment suite à l'invasion russe en Ukraine.

Entreprise quasi-centenaire, les Cafés Sati ont vu leur facture annuelle doubler en 2022 pour les 2.800 mégawattheures (MWh) de gaz consommés pour torréfier 3.500 tonnes de grains de café, malgré de nombreux efforts réalisés ces dernières années pour diminuer la consommation d'énergie, en termes de chauffage notamment.

"La sobriété énergétique, ça fait partie de nos valeurs, mais il faut qu'on puisse le valoriser, il ne faut pas que ça nous desserve", a pointé M. Schulé, regrettant que sa société ne soit pas éligible aux aides "énergo-intensives".

L'Aria s'est aussi inquiétée de possibles opérations de délestage, des interruptions ciblées et volontaires de la fourniture d'énergie en cas de tensions sur les réseaux, notamment durant l'hiver.

"Si on doit se fixer des priorités cet hiver, c'est manger et se chauffer il me semble", a estimé Sébastien Muller.

"Les délestages sont envisagés sur des secteurs géographiques et non pas économiques", a-t-il regretté, demandant à ce que les industries alimentaires, "en première ligne" pour répondre aux besoins de la population, soient épargnées par les coupures.

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