Le parquet de Digne-les-Bains a requis une amende avec sursis de 1.000 euros et une contravention de 200 euros à l'encontre de deux militantes écologistes, l'une sexagénaire, l'autre septuagénaire, qui avaient entravé un chantier de centrale photovoltaïque dans une région alpine.
Les deux femmes ont comparu mardi devant le tribunal judiciaire de Digne, lors d'une audience qui a duré environ 5h30, a-t-on appris mercredi de source judiciaire et auprès de leurs avocats.
Elles avaient été arrêtées début octobre, allongées en travers d'un chemin menant vers le chantier de l'entreprise canadienne Boralex à Cruis, sur la montagne de Lure, dans les Alpes-de-Haute-Provence, avait alors rapporté la presse locale.
Les prévenues, membres du collectif citoyen "Elzeard Lutte en résistance" qui dit "ne plus supporter que l'on coupe les forêts à tout-va, sans aucun respect pour la nature", ont été mises en examen pour "entrave à la circulation des véhicules sur une voie publique et pénétration non autorisée dans la propriété d'autrui".
L'amende avec sursis a été requise pour le délit d'entrave, la contravention pour l'intrusion dans une propriété privée.
Les défenseurs de l'environnement dénoncent un chantier qui a déjà entraîné l'abattage de centaines d'arbres aux portes du Parc naturel régional du Luberon, près de Cruis.
Boralex, qui a remporté l'appel d'offres en 2009 pour la centrale photovoltaïque, défend un projet qui va "revaloriser des parcelles communales peu fertiles" depuis un incendie en 2004. L'entreprise vise l'installation de 20.000 panneaux sur 17 hectares en 2024.
Pour elle, les opposants se trompent de cible en s'en prenant à un producteur d'énergie renouvelable.
Le parquet a, lui, estimé que les deux femmes s'étaient "trompées de moyens", la liberté d'expression et de manifestation devant rester dans le cadre de la loi.
L'affaire a été mise en délibéré au 25 janvier.
Le gouvernement souhaite que la part totale des énergies renouvelables dans la production électrique française passe de 26% à 34% d'ici 2030, le ministère de la Transition écologique recommandant l'installation de centrales solaires au sol sur des "sites déjà dégradés ou artificialisés".