Alimentation française: deux fois moins d'animaux tués en 2030, l'objectif "intermédiaire" de L214

Réduire de moitié le nombre d'animaux tués et donc la consommation française de viande d'ici 2030 permettrait de diminuer les émissions de gaz à effet de serre, la souffrance animale et les risques pour la santé sans menacer la souveraineté alimentaire, affirme L214 dans un rapport publié mardi.

L'ONG, qui milite pour le bien-être animal et l'abandon de la viande dans les régimes alimentaires, propose cet objectif "intermédiaire, consensuel et atteignable", soulignant que la France consomme deux fois plus de viande (83,5 kg équivalent carcasse par an et par habitant) que la moyenne mondiale.

Elle cite ensuite des enquêtes d'opinion dans lesquelles de nombreux Français déclarent manger moins de viande et/ou vouloir réduire leur consommation, sans que celle-ci n'ait vraiment baissé ces dernières années à l'échelle nationale.

"En 16 ans d'activité, on a réussi à obtenir quelques reculs dans les pratiques les plus cruelles comme le broyage des poussins (...) mais le nombre d'animaux qui sont tués pour la consommation française n'a pas baissé", regrette Brigitte Gothière, cofondatrice de l'association.

"Tous les scénarios de durabilité pour la France recommandent de réduire la consommation de viande mais aucun ne prend explicitement en compte le nombre d'animaux tués ni leurs souffrances", souligne l'association dans son rapport.

"Cet objectif permet déjà de limiter les pratiques les plus délétères, notamment l'élevage intensif et l'aquaculture, et de diminuer significativement le nombre d'animaux tués: 600 millions sur les 1,2 milliard" d'animaux terrestres tués aujourd'hui et plus de 3,5 milliards d'animaux aquatiques sur sept, précise L214.

L'association affirme répondre ainsi aux enjeux de "sécurité alimentaire, protection de l'environnement, santé publique, biodiversité et solidarité internationale".

Pour le poulet, viande la plus consommée en France, un animal sur deux est importé. En passant d'un milliard à 500 millions de poulets abattus, le pays pourrait se passer d'importer des produits ne respectant pas les mêmes normes, fait valoir L214. De son côté, la filière avicole propose plutôt de construire 400 nouveaux poulaillers d'ici 2030 pour réduire la dépendance aux importations.

- "Briser le tabou" -

Pour les porcs, mode d'élevage le plus "intensif" selon L214 et viande pour laquelle la France est à peu près autosuffisante en exportant ses abats et en important du jambon, passer de 22 à 11 millions d'animaux abattus réduirait la pollution des eaux, libérerait des surfaces agricoles pour des protéines végétales et réduirait le nombre de poissons pêchés pour l'alimentation animale.

L'ONG veut "briser le tabou" de la réduction des cheptels, affirmant que les filières végétales et d'élevage en plein air pourraient être pourvoyeuses d'emplois plus nombreux et avec de meilleures conditions de travail.

Pour accompagner la baisse de la consommation, L214 préconise une action forte des pouvoirs publics, des industriels, qui "cachent" la viande dans les produits transformés, et de la distribution, qui "inonde" les rayons de viande "majoritairement" issues "d'élevages intensifs", en vue de "garantir une information équilibrée sur les alternatives aux protéines animales".

"On a l'habitude d'obtenir des avancées avec les entreprises (...) par nos campagnes publiques, il va falloir faire la même chose avec les politiques qui ne sont pas au rendez-vous de l'intérêt général", affirme Brigitte Gothière, dénonçant l'influence des lobbies de la viande et de la FNSEA "qui favorise les gros élevages".