Airbus a conclu un partenariat stratégique avec Dassault Systèmes pour accélérer sa transformation numérique et jeter les bases d'un nouveau écosystème dans l'aéronautique, allant de la conception à l'exploitation des avions.
"Nous ne parlons pas seulement de numérisation ou d'expérience 3D, nous repensons la façon dont les avions sont conçus et exploités, en rationalisant et en accélérant nos processus", a déclaré mercredi Guillaume Faury, président d'Airbus Commercial Aircraft, dans un communiqué.
"Nous construisons ainsi un nouveau modèle pour l'industrie aérospatiale européenne avec une technologie de pointe, a-t-il ajouté. L'objectif est d'aboutir à "une réduction du délai de développement du produit."
Les deux groupes ont signé un protocole d'accord d'une durée de cinq ans qui porte sur la mise en oeuvre conjointe d'applications collaboratives dans les domaines de la conception 3D, de l'ingénierie, de la fabrication, de la simulation et de l'intelligence.
Pour l'ensemble de l'industrie aéronautique, la révolution numérique est un enjeu crucial de compétitivité. Il s'agit pour de grands acteurs comme Airbus, dont le carnet de commandes représente près de dix années de production, d'améliorer non seulement les outils de conception, mais aussi de production et d'exploitation, de raccourcir les délais de fabrication des avions et d'en réduire les coûts.
"L'industrie aérospatiale a fait ses preuves en matière de transformation rapide, plus rapidement que dans la plupart des industries", a relevé Bernard Charlès, vice-président et directeur général de Dassault Systèmes.
- "Jumeaux numériques" -
"Nous voulons assurer une continuité numérique dans la façon dont on définit à la fois le produit, avion ou hélicoptère, on l'industrialise, les compagnies l'opèrent et les services qui peuvent être offerts en réponse aux attentes", a expliqué Alain Tropis, responsable du projet chez Airbus, dans un entretien à l'AFP.
"On cherche à créer cette continuité numérique. Par exemple, si vous faites une modification sur un avion, nous voulons être capables de simuler et d'évaluer en temps réel son impact sur le système industriel, chez nous ou chez nos partenaires, sur les opérations de l'avion et sur les services aux clients".
"C'est ce qu'on appelle les +jumeaux numériques+", poursuit-il. "Une modification sur n'importe quel élément est immédiatement répercutée (sur l'ensemble du système) et permet de trouver la meilleure solution et d'anticiper les modification du produit ou du système industriel", a-t-il précisé.
"Aujourd'hui, évaluer cet impact se fait de façon séquentielle. Avec l'approche qu'on met en place, nous serons capables d'évaluer et de comprendre cet impact virtuellement dès que la modification sera imaginée."
Cette approche est complémentaire de la plateforme Skywise qu'Airbus a mis en place en 2017 pour optimiser l'exploitation des avions et leur maintenance.
Elle permet de collecter les données de vols des compagnies aériennes pour détecter des signaux annonciateurs d'une panne possible et fiabiliser l'exploitation des avions grâce à la maintenance prédictive.
Airbus collecte 150.000 données sur son dernier-né, l'A350, et 24.000 sur l'A320, contre 400 seulement il y a 20 ans.
"Nous allons combiner ce qui existe déjà sur Skywise avec cette colonne vertébrale que l'on est en train de développer avec ce partenariat avec Dassault Systems. C'est complémentaire", a souligné Alain Tropis.
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