Aux Etats-Unis, une plante innovante améliore la qualité de l’air intérieur tout en générant de l’électricité.
©Jonathan Cohen / Binghamton University
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Innovation : cette plante purifie l’air et produit de l’électricité

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Outre-Atlantique, une plante innovante améliore la qualité de l’air intérieur tout en générant de l’électricité. ID fait le point sur cette double innovation. 

80 %. C’est le temps que les Français passent, en moyenne, quotidiennement dans des espaces clos ou semi-clos, soit entre 20 et 22 heures par jour, selon les données du gouvernement. Une sédentarité en milieux confinés qui soulève un enjeu de santé publique majeur.

À court terme, une mauvaise qualité de l’air peut provoquer "des maux de tête, des difficultés de concentration, de la fatigue, des nausées, ainsi que des irritations des voies respiratoires et des yeux". Mais les effets à long terme sont encore plus préoccupants : "cancers, altération des capacités respiratoires et aggravation des maladies cardio-vasculaires" figurent parmi les risques encourus.

Les solutions existantes

Face à ce constat, plusieurs solutions sont régulièrement mises en avant comme l'aération, mais aussi la ventilation, les filtres à air ou encore les purificateurs. Toutefois, ces équipements sont souvent chers et encombrants, ce qui les rend difficiles d’accès pour de nombreux foyers.

D’autres prônent l’usage des plantes "dépolluantes" pour améliorer la qualité de l’air. Pourtant, en 2011, l’ADEME avait rejeté cette hypothèse, estimant qu’elle n’était "pas validée scientifiquement au regard des niveaux de pollution généralement rencontrés dans les habitations et des nouvelles connaissances scientifiques dans le domaine."

Mon objectif est de produire suffisamment d’électricité pour recharger un téléphone portable ou alimenter de petits dispositifs.

Une plante artificielle

En quête d’une solution efficace, des chercheurs de l’université de Binghamton, à New York, ont présenté en octobre 2024 une innovation prometteuse : une plante artificielle capable d’absorber le dioxyde de carbone, de produire de l’oxygène, et même de générer une petite quantité d’électricité.

"Depuis la pandémie de COVID-19, nous sommes encore plus conscients de l'importance de la qualité de l'air intérieur", explique Seokheun Choi, professeur à l’université de Binghamton et auteur principal de l’étude. "De nombreux matériaux de construction ou objets du quotidien peuvent libérer des substances toxiques. De plus, nous expirons du dioxyde de carbone, ce qui contribue à l’accumulation de ce gaz dans l’air. Sans parler des polluants issus de la cuisine ou de l’extérieur."

Un procédé inspiré de la photosynthèse

Dans le détail, cette plante artificielle repose sur un procédé de photosynthèse artificielle et utilise des cyanobactéries, des micro-organismes capables de capter la lumière et de transformer le dioxyde de carbone et l’eau en oxygène.

Dotée de cinq "feuilles" constituées de cellules solaires biologiques, elle est composée d’une anode contenant ces bactéries, d’une cathode et d’une membrane échangeuse d’ions. Résultat : la plante artificielle pourrait réduire jusqu’à 90 % du dioxyde de carbone présent dans une pièce, contre seulement 10 % pour une plante naturelle.

Un potentiel énergétique à exploiter

Si les résultats en matière de purification d’air sont satisfaisants, cette innovation peut même aller plus loin en produisant de l’électricité. Pour l’instant, la quantité générée reste faible (140 microwatts), mais Seokheun Choi espère atteindre un milliwatt ou plus.

"Mon objectif est de produire suffisamment d’électricité pour recharger un téléphone portable ou alimenter de petits dispositifs", ajoute-t-il. Les chercheurs envisagent également d’améliorer le système en ajoutant d’autres types de bactéries, afin d’augmenter sa durée de vie et de réduire les besoins en maintenance.